Extrait du journal

Mais le National nous dit : « Vous n'avez pas toujours été si délicats; Combien de foii les théâ tres, depuis dix-huit mois qu'ils sont libres, n'ont ils pas insulté la révolution qui les avait affranchis, la République qui les laissait vivre? Les théâtres ont insulté la République, et vous avez ri. Aujour d'hui, ils s'attaquent au Pape, et voua gémissez ! » Le National nous permettra de lui répondre que nous aurions pu parfaitement nous passer la li cence de rire des excès auxquels donnait lieu, con tre les hommes et les principes de son parti, l'abus de la liberté illimitée que la révolution de Février avait si imprudemment donnée aux théâtres. Mais nous ne l'avons pas fait; nous avons pu rire, comme tout le monde et comme le National lui-mêihe sans doute, de quelques bonnes plaisanteries; nous n'avons jamais applaudi aux excès, même quand ils pouvaient nous tenir lieu d'argumens contre les théories avancées du National. Nous n'avons de goût, en principe, contre aucune liberté illimitée ; nous ne l'aimons pas plus illimitée quand il s'agit des théà'res que lorsqu'il s'agit de la presse, que lorsqu'il s'agit de la liberté individuelle. La liberté de conscience elle-même, quand elle s* traduit dans un culte public, nous ne la voulons pas illi mitée jusqu'au scandale, jusqu'à l'outrage aux dis— sidens, jusqu'à l'oubli de la morale et de la décence. Qui oserait prétendre que la liberté d'afficher des imprimés ou d'exposer des gravures peut être illimitée? Quelle est l'industrie qui n'a pas sa loi, sa règle, ses conditions d'existence, la limite posée à son action? Quel est le commerce qui ir'a pas à compter avec l'ordre public, avec l'intérêt général ? Et l'industrie des théâtres serait seule exempte de cette loi universelle qui...