Extrait du journal

Nous trouvons dans le dernier numéro de la Politique coloniale l'extrait suivant d'un discours adressé par M. de Mahy à ses élec teurs de la Réunion : « Au port et au chemin » de fer, on a donné les meilleures positions » à des Européens : c'est à vous qu'elles re » viennent; je m'emploierai pour vous les » faire avoir. » Les « Européens », ce ne sont pas, comme on pourrait le croire, des An glais ou des Belges : ce sont des fonction naires envoyés de France. Si le propos attribué à M. de Mahy a vraiment été tenu par lui, on conçoit que l'assistance l'ait écouté avec plaisir. De telles promesses sont toujours agréables à entendre. Seulement, pour avoir le droit d'en exiger l'exécution, les électeurs de la Réunion devraient commencer par contribuer pour une somme un peu plus forte à la dépense de ce port et de ce chemin de fer dont on revendique à leur profit la di rection. Nous au budget do 1894, que cette dépense est évaluée à 4,368,500 fr., que les recettes d'exploitation sont de 1,700,000 fr., et qu'il y a, par conséquent, un déficit de plus de 2,668,000 fr. Gomment est couvert ce déficit? Par une subvention de la métropole pour 2,508,500 fr., et par une sub vention do la colonie pour 160,000 fr. seule ment, c'est-à-dire environ un dix-septième. On conviendra que, dans ces conditions, les « Européens », comme dit M. de Mahy, ont quelque droit à diriger l'entreprise. Si le dé ficit s'accroît encore, parce que les emplois techniques importants auront été confiés à des gens incompétents, c'est l'Europe et non la colonie qui payera. Nous ne voyons pas bien, dès lors, pourquoi (ces emplois « re viennent » aux électeurs de la Réunion....