Extrait du journal

dit général Estienne pour que l'expérience fût poursuivie. Pour les chars comme pour les gaz, on aboutit à deux conclusions très remarqua bles et d'ordre identique. La première était que gaz et chars n'avaient de valeur qu'em ployés sur une grande échelle, en masse ; la deuxième était que gaz et chars n'étaient capables de résultats substantiels qu'em ployés' en liaison étroite avec les autres armes et surtout avec l'infanterie. On abou tissait ainsi à une confirmation nouvelle des plus vieux principes de la guerre : l'emploi de la masse et l'union des forces. L'invention, telle que la rêve le grand public, qui, à elle seule, doit bouleverser la guerre et donner immédiatement la victoire, ne s'est encore jamais vue. Un tel progrès réalisé d'un seul coup et immédiatement adapté à une application pratique n'est, en effet, pas possible. Il faut l'effort combiné et successif d'hommes à aptitudes diverses pour découvrir un principe nouveau, en con cevoir l'application pratique, la réaliser, la mettre au point èt l'adapter aux conditions particulières de la guerre. La guerre elle-même est une affaire trop vaste, intéressant trop d'hommes et trop d'es pace, pour qu'un procédé entièrement nou veau puisse s'y présenter autrement que sous la forme d'une expérience plus ou moins locale. Il y faut simplement être attentif, ne j pas. commettre la même orgueilleuse erreur que l'état-major allemand qui dédaigna les chars. Si les Allemands avaient pris les chars au sérieux dès 1916, ils en auraient eu comme nous et autant que nous sur les champs de bataille de 1918. lorsque leur efficacité fut démontrée. Encourageons donc nos inventeurs et soyons très attentifs aux inventions alle mandes; mais l'appréhension avant de les avoir vues pourrait être encore plus sotte. GÉNÉRAL DUVAL. '...