Extrait du journal

Nous recevons de Florence, en date du ler1er décembre, une lettre dont voici le résumé : Il n'est rien de fatigant au monde pour l'im patience française comme une crise italienne. On procède avec une lenteur qui au fond est systématique, et fait partie du caractère na tional. Après le vote du 19 novembre et la démission du ministère, le roi a mis six jours à prendre un parti'. Ce n'est qu'après six jours de ré j flexion qu'il a définitivement chargé M. Lanza de lui proposer un cabinet. Depuis lors le président de la Chambre est a. l'œuvre, mais sa tâche n'est point aisée. Ainsi que je vous l'ai dit, il ne veut point aller à gauche, et il peut difficilement trouver du concours chez les amis de l'ancien ministère. Il faut donc qu'il s'adresse à la fraction dissi dente de la droite , composée en grande partie de députés piémontais. M. Sella, dont le nom était indiqué, ne veut point accepter parce que la Chambre ne l'a pas appelé, pour la première fois depuis long temps, à faire partie de la commission du budget. „ Je vous fais grâce des autres noms. Il se tait et se défait des listes ministérielles deux fois par jour. On assure que M. Lanza a mis à son accep tation une condition : c'est que le général Me nabrea, M. Cambray-Diguy et le marquis Gual terio renonceraient aux charges de courdontils sont en ce moment pourvus. En attendant la fin de la crise, la Chambre va s'occuper des pétitions, ce qui lui arrive assez rarement. Ce qui est remarquable, c'est le calme par fait avec lequel le pays supporte la crise. Au fond, personne n'est inquiet. On sait très bien qu'il ne peut rien arriver qui mette le pays en danger. Rien~ne démontre mieux la solidité -réelle du royaume italien. Le ministère qui se relire a le droit de dire qu'un- pays qui supporte aussi bien une crise de quinze jours n'est pas dans cet état déplorable que les journaux de l'Opposition se plaisent à décrire chaque jour, comme c'est d'ailleurs leur droit. Quelques personnes croient encore que si M. Lanza ne réussit pas , les ministres actuels pourront reprendre le pouvoir et dissoudre la Chambre. Mais bien que cette solution ne soit pas impossible , elle me parait fort peu pro bable. On s'est occupé aussi de la candidature du duc de Gênes au trône d'Espagne. Cette candidature était fort appuyée par quelques personnes de l'entourage royal, qui y voyaient un accroissement d'influence pour la maison de Savoie, et indirectement pour l'ltalie. -Le roi, qui a beaucoup de sens, n'était pas précisément éloigné de donner son adhésion ; mais il n'a jamais été fort ardent à désirer la royauté pour son neveu. Quant àla duchesse de Gènes, elle.né veut pas en entendre parler. On considère en ce moment la candidature espagnole du duc de Gènes comme à peu près abandonnée. V- DAVID....