Extrait du journal

L'agriculture n'a cessé de recevoir des coups de chapeau dans sa vie, et elle ne peut douter, au respect et à la vénération qui lui sont sans cesse, prodigués, qu'elle rie soit le premier des arts ; mais le temps est venu où elle préférerait n'être qu'une industrie comme les autres. Rien de plus flatteur pour elle que les distinc tions dont elle est honorée et que la pro tection dont la couvrent les lois ; elle en serait ravie, si cela n'était pas si gênant. I Le Sénat vient de lui prouver, une fois de plus, combien la théologie législative se croit obligée de lui offrir de l'encens et de lui refuser de la nourriture. La Chambre des Députés, en revisant la loi de 1807 sur la liberté des prêts d'argent, n'avait pas voulu qu'il fût, dit que l'agri culture est une industrie et qu'elle fait du commerce. Le marchand qui lui achète son blé est un commerçant et peut emprun ter libreirient sur le blé qu'il achète, mais elle, elle ne fait pas un acte de commerce en vendant son blé, et dès lors elle n'a pas 1e droit d'y chercher, et sur tout d'y trouver le "gage d'un emprunt. Ètle a besoin d'engrais, tarit.pis pour elle l Il lui est interdit de déroger de sa no blesse» antique et solennelle», et de payer 7 0/0 à un banquier pour en avoir. La tonne d'engrais lui eût coûté 300 fr., payée comptant; elle la payera à cré dit 350 fr. Il est vrai que c'est 17 0/0, et 10 0/0 de plus, mais l'honneur le veut ainsi; et le Sénat, toujours avec les mê mes égards pour elle, n'a pu se décider samedi dernier à voter l'article ler1er du projet de loi sur l'organisation du crédit Agricole mobilier qui lui eût permis, par une modification dé l'article ,2076 du Code civil, de constituer en gage ses ré coltes ou son matériel d'exploitation, sans...