Extrait du journal

Tout le monde sait que nous avons perdu pendant la guerre un grand nombre d'agri-v culteurs, et, d'autre part,, il faut tenir compte des maladies ou des infirmités dont sont atteints beaucoup de survivants. Personne enfin ne peut ignorer que la production agricole est insuffisante et que nous sommes forcés notamment d'acheter au dehors des denrées alimentaires. Il faudrait donc redoubler d'efforts et suppléer à l'insuffisance momentanée du nombre des cultivateurs par l'augmenta tion de la durée du travail, toutes les fois que cela est possible. Bien au contraire ceux qui prétendent parler au nom des « travailleurs » réclament, l'application de la loi de 1918 au profit des salariés de l'agriculture, et ils demandent; que la journée soit réduite à huit heuref £è sont là en réalité les reveudicationè; dlune infime minorité de rêveurs exaltés qui ne connaissent rien des questions agricoles et des nécessités imposées par la force des choses. Le travail, dans nos campagnes, ne sau rait être assimilé au labeur industriel dans une usine ou une manufacture. C'est le soleil, la pluie, le vent, la chaleur ou la sécheresse, la maturité des plantes et la période des récoltes, c'est l'obligation de soigner ou de nourrir les animaux qui imposent à l'agriculteur une durée va riable de travail et des efforts brusques se prolongeant momentanément au delà des limites d'une réglementation officielle et tout arbitraire. Tous les agriculteurs comprennent cela, et les ouvriers ou domestiques eux-mêmes se rendent compte des nécessités imposées par la nature des choses. Us ne réclament pas la journée de huit heures,, et les patrons qui vivent à côté d'eux, travaillant le plus souvent comme eux et plus qu'eux, donnent l'exemple en subissant courageu sement les obligations qui résultent de la nature du travail agricole. Enfin le chômage des travailleurs ruraux vivant de salaires ne résulte nullement de la trop longue durée des journées. Ce chô mage est atténué par la prévoyance des patrons qui font exécuter des travaux inté rieurs pendant la mauvaise saison, pour conserver un personnel indispensable' du rant la grande période d'activité culturale. Somme toute, la réduction de la durée du travail salarié dans l'agriculture ne pourrait être obtenue qu'en réduisant la production, et en élevant démesurément les prix de revient. lA* C'est l'opinion que vient d'exprimer la Commission d'agriculture de la Chambre. Son rapporteur, M. Paul Mercier, a utilisé, pour expliquer ce vote, une abondante do cumentation et d'excellents arguments présentés avec une parfaite sincérité. On ne pouvait pas mieux défendre une thèse plus juste.- D. ZOLLA....