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Journal des débats politiques et littéraires, 5 février 1843

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Journal des débats politiques et littéraires
5 février 1843


Extrait du journal

-PARIS, 1 FÉVRIER. La discussion de l'Adresse a présenté, âu sein de la Chambre des Députés, cette particularité remarquable, que la seule question avec laquelle on a essayé de bat tre en brèche le cabinet du 29 octobre, était une ques tion née en dehors de la politique de Ce ministère, parfaitement étrangère à ses actes, et qui, léguée au Présent par un passé déjà tombé dans le domaine de histoire, aurait trouvé, dans tous les ministères pos sibles, la même réserve à se livrer à l'entraînement immodéré des passions qui l'avaient, après dix ans, ressuscitée et rajeunie. Nous disons que tout ministère sérieux aurait résisté, dans la question du rappel «des traités de 1831 et de 1833, aux injonctions des partis extrêmes; et ce qui le prouve, c'est que tous les hommes qui, dans les deux Chambres, croient pouvoir aspirer à la succession du cabinet actuel, ont prudemment gardé cette réserve dont nous parlons, abandonnant le débat à ceux qui, n'avaient rien à risquer et Tien à perdre ; en sor te qu'il est résulté du silence et de l'abnégation, au moins ap parente r de ses adversaires vraiment politiques, cette situation singulière pour le ministère du 29 octobre, qu'il a eu à défendre une cause qui lui était commune avec ses rivaux qui eussent été ses successeurs. Nous ne connaissons, en effet, personne parmi les concur rens sérieux du cabinet ( et nous n'exceptons pas même ceux qui ont remué ciel et terre pour le renverser), nous ne connaissons personne qui eût consenti à tenir publiquement un autre langage, à faire publiquément des promesses plus immédiates et plus explicites. Quelle est donc l'absurde prétention de ceux qui voulaient faire, du paragraphe inséré par la commission conservatrice de la Chambre des Députés dans le pro jet d'Adresse, une question de cabinet pour les minis ires du 29 octobre? Quoi ! la Chambre, dominée par un mouvement impérieux de l'opinion publique, expri mait un vœu pour le rappel des. traités de 1831 et de 1833; et le cabinet , en déclarant qu'il prenait ce vœu au sérieux et en même temps qu'il réservait les droits Je la prérogative royale, le cabinet compromettait sa situation ! Mais quel est donc le ministère qui aurait fait plus ou qui aurait fait moins ; qui aurait montré plus de respect à l'initiative parlementaire ou moins de fidélité aux devoirs imprescriptibles de l'autorité exé cutive? Un ministre qui serait venu dire : « L'opinion publique demande le rappel des traités ; l'opinion pu blique est insensée ! » un ministre, parlant ce langage à son pays, aurait très légitimement fait douter de sa propre raison. Mais un homme d'Etat qui aurait ré pondu , au cri de l'opinion exaltée, par cet autre cri : « Déchirons les traités ! les traités n'engagent que jus qu'au jour où il nous plaît de les garder ! » cet homme n'aurait pas mérité de siéger un jour de plus dans les conseils du gouvernement. Et c'est cependant parce que le ministère a tenu un langage également respec tueux pour le vœu public et pour les privilèges du pouvoir; c'est parce qu'il n'a été ni présomptueux ni ti mide envers l'opinion du pays, ni violent ni faible à l'égard de l'étranger; c'est parce qu'il a gardé cette mesure entre deux excès où il aurait infailliblement échoué, qu'on lui reproche aujourd'hui d'être resté aux affaires ! i Le ministère actuel n'avait pas créé la question du droit de visite. Cette question est née du traité du 15 juillet 1840, que le cabinet du ler1er mars a laissé faire. Le ministère l'a acceptée sans enthousiasme, mais avec résignation, comme il a accepté, au 29 octobre , tant d'autres legs onéreux de l'administration précédente. Mais s'il y avait un parti au monde qui n'avait pas !e droit d'ajouter, par ses attaques, aux embarras que cette question a causés au cabinet actuel, c'était le parti qui est dirigé, dons le Parlement, par les anciens ministres du ler1er mars; ce sont aussi les journaux qui reçoivent les inspirations de ce parti. C'est cependant ce qui est arrivé. Les chefs se sont abstenus, et fout à l'heure nous avons dit pourquoi. Des hommes d'Etat ne pouvaient pas, sur ce point, se commettre visiblement dans une opposition sans loyauté, sans vérité et sans issue. Mais le jour de la bataille on a fait marcher les sous-ordres, on a fait donner la presse ; et aujourd'hui, le combat fini, ce sont encore les journaux du ler1er mars...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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