Extrait du journal

Peu de princesses furent plus accomplies au sens exact du mot que celle qui vient de s'éteindre à Bordighera. Belle, charmante, spirituelle, admirablement cul tivée, bienveillante et bienfaisante, Mar guerite de Savoie réunissait tous les dons, toutes les qualités de la femme et de la reine. Ceux qui l'ont vue passer dans les rues de Rome, toujours saluée et souvent acclamée par une foule respectueuse, n'ont pas oublié le geste gracieux et le rayon nant sourire par lesquels elle répondait aux hommages populaires. Ceux qui ont eu l'honneur d'être reçus par elle, jadis au Quirinal, plus tard au Palais Margherita, gardent le souvenir de la grâce parfaite avec laquelle cette grande dame accueillait Italiens et étrangers, artistes, savants ou diplomates, adressant à chacun la phrase qui convenait, soucieuse de plaire à tous, 'sans paraître préférer personne. Je crois *bien que la reine Marguerite a été la seule souveraine qui ait su faire de l'audience 'du premier de l'an une fête et un *régal pour ses invités. La princesse Marguerite était née à Tu rin, le 20 novembre 1851, de Ferdinand de Savoie, duc de Gênes, et d'Elisabeth de Saxe. Agée de dix-sept ans à peine, elle épousait son cousin, Humbert, prince de Piémont, héritier de la couronne d'lta ;lie. Lorsqu'elle parut à la cour, ce fut un éblouissement. « Trop belle pour tous les (jours, dit une dame, c'est une beauté pour le dimanche ! » Dix ans plus tard, elle était reine d'lta lie. Sans prétendre à jouer un rôle poli tique, elle était trop intelligente et trop...