Extrait du journal
PABIS, 4 niars. Ce que nous" avions prévu, ce que tout le monde aurait dû pré voir est arrivé : les dernières phrases du discours de la couronne ont produit un sentiment général d'inquiétude et de douleur. 'Chacun s'est demande avec anxiété à qui elles s adressaient, x fi t-il des conspirateurs? Mais alors pourquoi ne pas les designer plus clairement? Pourquoi ne pas les montier au doigt; î.«.s droits du Roi sont-ils attaques ? Mais quels sont donc ceux de ses droits qu'on attaque? Serait-ce le droit de nommer les ministres? Non. Vint fois on l'a répété. Il ne s'agit pas de limiter ce droit, mais d'établir comment les nécessités politiques de notre gouver nement veulent qu'il soit exercé. Pour trouver l'explication de ces fatales paroles, faudrait-il donc romonter jusqu'à la Chambre. elle même? Le ministère aurait-il voulu essayer SHr la majorité l'effet des menaces ? Quelle imprudence, si le ministère compte s'arrêter aux paroles ! Quel présage de malheur , s'il prétend aller plus loin et passer des paroles aux actions ! Chose vraiment étrange ! Certes, si l'on doit s attendre a trouver quelque part de la clarté, c'est surtout dans le discours de la Couronne , c'est surtout lorsque ce discours dénonce des ma nœuvres coupables et semble indiquer que les droits de la royauté sont en péril. Plus que jamais il était nécessaire, celte annee, que le ministère s'expliquât clairement. La gravité des circonstances lui en faisait un devoir. Eli bien ! le ministère a trouvé le moyen d'être tout juste àssez clair pour soulever mille alarmes, vagues , mille craintes à la fois, pour tout faire appréhender, par cela même qu'il menace et ne précise rien. • Si c'est là l'effet que le ministère voulaif produire, il a réussi au delà de toute espérance. La Chambre se croit, à juste titre, me nacée dans ses droits, le pays dans les siens ;il n'y a personne qui ne puisse se dire : Est-ce à. 11101 qu'on en veut? Qui s'estimera en sûreté lorsque le ministère semble annoncer le dessein de se déli vrer par quelque moyen que ce soit, des embarras qu'on lui sus cite ? Si c'est un crime capital de lui susciter des embarras , ' qui donc est iunocent? La presse lui en suscite, les Chambres lui ep suscitent, les électeurs lui en susciteraient de terribles. Ainsi, la 'presse , les Chambres, les électeurs, tout est mis en prévention! Mais comment se délivrer des embarras qu'on rencontre partout, sinon en frappant partout à la fois? Lorsque tous les moyens légaux •Reviennent des obstacles, quel remède sinon de se retirer, ce que l'on ne veut pas faire, ou de passer les limites de la légalité ? Ces réflexions étaient naturelles; tout le monde les a faites. On a regardé autour de soi, et, voyant la France calme et soumise, les lois respectées , le Roi entouré du" respect et de l'amour de ses peuples, le ministère seul repoussé par la majorité des Chambres , tous les embarras provenant de cette lutte incroyable de quelques hommes ambitieux contre les exigences du gouvernement représen tatif 011 n'a pu s'empêcher de croire que les dernières phrases de la Couronne s'adressaient aux majorités même des deux Chambres! Ici commence, ou plutôt se poursuit un système de déception bien criminel! Les journaux du ministère ont osé dire que tout Taris avait applaudi, que la France entière applaudirait à ces pa roles, qui consternent Paris et qui consterneront la France tout œnlière. Eh bien! nous nous adressons à tous les hommes de lionne foi, de quelque parti qu'ils puissent être : est-il rien de plus faux? Vous avez, entendu les applaudissements de Paris? Nous n'avons vu que des serviteurs fidèles attristés , des citoyens paisibles calculant avec douleur les chancesde périls et de troubles, auxquelles le mi nistère exposait de gaité de cœur la monarchie. Dites donc qtir ;...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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