Extrait du journal

Je ne cesserai de répéter ce que j'ai déjà dit tant de fois, que la fréquence des Expositions n'est profitable qu'au com mercé de la peinture, qu'elle multiplie annuellement et d'une manière exorbitante le nombre des artistes médiocres et traitant des genres subalternes; qu'elle blase le goût et la curiosité du public; qu'enfin ce bazar de peinture et de sculpture, ouvert ainsi tous les ans, tend à faire perdre aux Expositions du Louvre ce caractère de solennité qu'elles ont conservé si long-temps. On a grand tort, selon moi, de mettre, ainsi qu'on le fait, une confiance aveugle en cette vogue qu'ont les arts en ce moment. Ce goût tant soit peu factice chez nous peut s'amortir tout à coup ; alors que de viendrait cette multitude d'artistes des second, troisième et quatrième ordres, une fois que la mode de leurs produc tions frivoles serait passée? Tout cela est fort sérieux, et l'on a tort de ne pas chercher à on prévenir les tristes con séquences. Au surplus, en tenant ce langage, je ne fais qu'obéir à ma conscience de critique, laissant la question à décider aux artistes eux-mêmes qui en sont les véritables arbitres, puisque ce sont eux qui ont demandé que l'Expo siiion fût annuelle. Au nombre des inconvéniens minimes, résultat de cette agitation, de cette presse continuelle où se trouvent les peintres en particulier, je signalerai l'ignorappp dans la quelle restent les gens les plus attentifs aux travaux des artistes, durant le cours de l'année, sur les productions qui doivent figurer aq Louvre. Pendant les douze ou quinze jours qui ont précédé le ler mars, personne n'avait entepdq parler d'aucun ouvrage qui dût avoir chance de succès au Salon. Ainsi que mes confrères en critique, j'ai eu de la peine à recueillir le nom de quelques artistes, le sujet de quelques mis des tableaux et des statues que nous allons voir et juger. Ce silence n'est bon ni pour ies artistes, ni pour le public, parce qu'il les laisse froid? les uns à l'égarq des autres. Un ouvrage annoncé, critiqué et vanté d'avance, même à tort, remue les spectateurs en irritant leur curio-...