Extrait du journal

PARIS , 4 MAI. La polémiqué réveille, depuis'quelques jours, une question assez oiseuse en apparence, celle de savoir si le résultat des trois journées de juillet est ou n'est pas une révolution. Une révolution ! comment n'en serait-ce pas une? Quoi! la cluite d'un trône, l'établissement d'une dynastie et d'une Charte nouvelles , voilà ce que vous ne vou lez pas appeler une révolution ! Si les mots n'étaient pas trop sou vent sujets cà avoir deux sens , celui qu'ils offrent d'abord au bon sens et qui sert, à tromper les gens simples , et puis celui qu'on tient en réserve pour le produire à la première occasion favorable , en vérité ce ne serait guère la peine de discuter. Le mot de révolution est bien large : il y a des révolutions violentes , illégales, quoique légitimes peut-être , en ce qu'elles ont pour objet le renversement même d'un ordre de choses établi par les lois , mais odieux, insupportable , oppressif ;il y a des révolutions légales, et dont le but ne tend qu'A la conservation des lois attaquées. Qu'importe donc le mot? c'est sur le sens qu'il faut s'entendre. Oui,- mais il importe beau coup de ne pas laisser passer et s'établir le mot sans lui demander d'où il vient et où il va. Je n'hésite pas , pour ma part, à dire la révolution de juillet mais cette révolution , quelle est-elle? 11 n'est pas difficile de deviner pourquoi ce mot de révolution pa raît si dur à prononcer à beaucoup de bouches. Depuis trente ans nous-sommes habitués à dire la révolution quand nous voulons rap peler quelques malheurs publics ou domestiques. Ma famille a été ruinée; quand donc? pendant la révolution. Mon père a péri-sur l'échafaud; quand donc? pendant la révolution. Que voulez-vous? Est-ce notre faute s il n'y a pas une de nos maisons sur le seuil de laqtiel la révolution n'ait écrit son nom en caractères de sang? Tout le monde n'a pas l'esprit assez fort pour ne voir, dans cette terrible crise, que l'honneur de nos armes et l'intégrité du territoire sauvé ,...