Extrait du journal
1 trois autres contraintes ou autorisées à rester oisives à un âge où elles auraient pu rendre en èore d'excellents services. Il s'agit d'appliquer des prétendues « réformes démocratiques » dont le seul effet utile est, le plus souvent, de grossir l'immense effectif des employés de l'Etat. Qu'on ouvre les journaux de ce matin : on y verra, quelques lignes avant ou après l'analyse du budget de 1899, les nominations de chefs, chefs-adjoints, sous-chefs de cabinet ; chefs, sous-chefs du secrétariat, faites par les nou veaux ministres, et on comprendra pourquoi nos besoins augmentent chaque année. Evidem ment, ce n'est pas cette débauche d'états-majors ministériels qui coûte 40 millions. Mais elle est un indice du sans-gêne avec lequel sont gérées nos finances. Nous n'en faisons pas un crime au Cabinet actuel. Il ne fait que se conformer à une coutume établie en prodiguant ainsi, à titre de bienvenue, des nominations dont les bénéficiaires resteront, pour la plupart, dans les fonctions publiques après la chute de leurs protecteurs, et devront être « casés »,après la prochaine crise. Il n'innove pas : il imite. Mais c est une imitation coûteus,e. Elle explique èn partie pourquoi le chapitre premier du budget de chaque ministère, celui qui est consacré aux dépenses de l'administration centrale, a plus que doublé depuis vingt-cinq ans. I Pour couper, court à cet abus et à tant d'au tres, pour arrêter ce que l'exposé des motifs du budget appelle, avec quelque fatalisme, la « poussée irrésistible » des dépenses, pour nous faire assister au phénomène d'un bud get moins gros que son devancier, pour nous donner ce qui nous manque le plus, un amortissement sérieux de notre écrasante Dette publique, il faudrait autre chose que des demi-mesures ou que les regrets platoniques exprimés, chaque année, dans des rapports et des discours. Une commission de la Chambre, dont le rapport a été, lui aussi, distribué hier, vient d'étudier, avec beaucoup de soin et de zèle, certaines modifications du règlement. Elle propose de rendre difficile l'exercice de l'initiative des députés en matière d'augmenta tion de dépenses, pendant la préparation et la discussion du budget. Les réformes qu'elle indique sont utiles, bien qu'encore trop timides, et il est fort à désirer qu'on les mette en vigueur immédiatement, avant d'aborder l'examen de la loi de finances. Mais ce sera un remède bien insuffisantau mal dont nous souffrons.il ne de vrait pas être possible que, en pleine paix, avant même d'être défiguré et grossi par les amende ments, un budget fût présentée la Chambre avec un accroissement de dépenses de plus de 40 mil lions. On a bien raison de prendre des précau tions pour que le total des augmentations ne soit pas enflé encore au cours du débat qui aura lieu au Palais-Bourbon ou au Luxembourg. Mais ce n'est pas seulement pendant les quel ques semaines que dure cette discussion, c'est toute l'année que l'on devrait veiller. Tout pro jet, toute proposition qui serait de nature à en traîner, fût-ce indirectement, une dépense nou velle ou une création d'emploi, devrait être im pitoyablement jeté au panier, lorsque celui qui en prendrait l'initiative, ministre ou simple dé puté, n'indiquerait pas en même temps une économie correspondante et effective. Et ce qui serait surtout indispensable, indépendam ,ment de telle ou telle correction du règlement ou des lois, ce seraient d'autres mœurs politi ques: ce seraient des ministres des finances intraitables ; ce seraient des députés qui n'au raient pas pour principale préoccupation le souci de garder leurs sièges au prochain renou vellement. Tant que ces conditions ne se ront pas remplies, il faudra nous résigner à voir se succéder, quelle que soit l'étiquette du Cabinet en fonctions, des budgets qui sont la | carte à payer d'une politique d'imprévoyance, de gaspillage et de réclame électorale....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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