Extrait du journal
sons serment affirmant que certains indi vidus, et entre autres les éditeurs, rédac teurs et imprimeurs du journal le Peuple irlandais, étaient en état de conspiration contre l'autoritéde la reine et contre les lois du pays, a fait arrêter ces individus et saisir les presses du journal comme preuves ma térielles du délit. Est-ce à dire que le procès est terminé- là, que les prévenus vont être transportés, et le journal rester confisqué ? « L'esprit si éminemment pratique » de nos voisins n'est pas encore aussi sommaire. On peut être sûr que les prévenus paraîtront devant le jury; déjà plusieurs d'entre eux ont été, selon la loi anglaise, relâchés sous caution, et ceux qui ne le sont pas sont sous l'inculpation, non plus dé félonie, mais de trahison. Quant aux presses saisies, elles ne sont gardées que comme preuves maté rielles, et n'importe qui aurait le droit de reprendre aujourd'hui môme la publication du journal. Au fond , arrestation de journalistes et saisie de journaux n'ont rien qui nous sou rie. Nous ne faisons qu'exposer purement et simplement la manière dont les choses se passent chez nos voisins. Nous avons, du reste, des exemples dans la procédure suivie envers les insurgés républicains de 1848. Certes la situation était alors bien autre ment grave qu'elle ne l'est aujourd'hui. L'Eu rope entière était en feu ; le Pape Pie IX et la révolution de Février avaient donné le signal de la conflagration générale; il y avait des républicains jusqu'en Angleterre, et la Jeune-Irlande donnait la main aux char tistes. Déshabitués, comme nous le sommes, des intempérances de la presse et soumis à une hygiène essentielle calmante, nous croyons rêver en relisant aujourd'hui les provocations à la révolte que les jour naux irlandais de ce temps-là versafent tous les matins sur des milliers de cer veaux incandescens, et nous avons envie de rire en entendant comparer les moyens de répression dont usait le gouvernement anglais à ceux dont se seraient servis ou se serviraient en pareil cas d'autres gou vernemens. Les journaux de Dublin avaient ouvert un cours régulier de barricades « à l'iustar de Paris » ; la manière de les faire et la manière de s'en servir; ils pu bliaient les instructions les plus détaillées sur l'art de bloquer les troupes dans les casernes, de couper les chemins de fer, de jeter des meubles, de la poix, du vi triol par les fenêtres sur les soldats. Le gouvernement les laissait faire, ou du moins les laissait dire; et quand il sortit de sa réserve, ce fut pour décerner des mandats de comparution contre trois des chefs du parti républicain. Les trois pré venus furent portés au tribunal sur les épaules du peuple; là, ils furent admis à donner caution, et ils s'en allèrent triom phalement, en annonçant qu'ils partaient pour la France et qu'ils reviendraient sou tenir leurs procès. Dans l'intervalle , l'insurrection s'orga nisait, se disciplinait et s'armait. Les clubs tenaient régulièrement leurs séances , on fabriquait des piques, on faisait venir des armes d'Angleterre, et tout cela à la face du soleil. C'était, comme nous l'avons dit, au lendemain de la révolution de Février, et les proclamations des insurgés disaient : « Aux quatre coins de l'horizon retentit le tonnerre de la liberté. On peut lire ses leçons à la lueur des trônes qui brûlent, et entendre ses échos dans les pas des ty rans qui fuient... L'autre jour, c'était à Paris, et la plus forte dynastie du monde est tombée en pièces. Demain ce sera ici ; la semaine prochaine, 500,000 ehartistes auront Londres dans leurs mains... » Le mouvement socialiste de l'lrlande était alors plus alarmant pour l'Angleterre, car il répondait en effet au mouvement général de l'Europe, et les républicains de l'autre côté de l'eau comptaient un peu sur le concours ou tout au moins sur la...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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