Extrait du journal
LES JUGES EN ,"LÉGITIME, EMBARRAS " Une espèce singulière embarrasse les jugés de je ne sais plus quelle ville de. l'Amérique du Nord'. Un pauvre homme,.d'une.cinquantaine d'années, honorablement connu, est venu leur demander merci ; il implore la protection des •justes lois. Et voici à peu prés son histoire. •>' * Il avait vécu paisible jusqu'à un âge qui ne semblait plus lui devoir apporter de troubles, lorsqu'il engagea comme gouvernante une per sonne dont l'abord lui parut modeste. A peine entrée dans sa chambre, cette personne le re garda avec insistance; et il se.sentit immédiate ment prisonnier d'une volonté étrangère. La gouvernante vint d'elle-même, au mépris de tous les usages et avec une sûreté dominatrice, s'asseoir auprès de lui. Et il commença, en dé pit de toute sagesse et poussé par une passion brusque et absurde, à lui faire inopinément les plus véhémentes déclarations. Satisfaite sans doute de ce résultat, elle quitta la chambre. Le pauvre homme, dès qu'il fut seul, reprit pos session de soi, se dit qu'il était fou, qu'il n'ai nv'ait pas cette femme, et qu'il allait la mettre à la porte. Mais dès qu'elle reparut, fasciné de nouveau, il lui signa la promesse de l'épouser. Et, dès lors, la vie de ce malheureux est double. Loin de cette femme, il est l'homme d'autrefois, avec la honte et le remords de sa nouvelle con duite ; près d'elle, il lui marque les transports les plus vifs. Il assure qu'elle le domine par une et qu'il ne l'aime que par une suggestion irrésistible qu'elle exerce sur lui. Tombé ainsi en servitude, sa propre volonté est abolie en présence de l'ennemie. Absente, il la déteste; présente, il est contraint de l'adorer. Il est sous sa dépendance, comme le sujet endormi est sous l'influence du magné tiseur. . Cette histoire présente bien quelques diffi cultés. Ainsi l'effet de la suggestion, dans la pratique ordinaire, n'est pas instantané et...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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