Extrait du journal

On nous écrit de Turin, le 5 janvier : « La majorité de la Chambre s'est réunie hier au Cercle Philharmonique à la demande du ministère. La réunion se composait de quatre-vingt-cinq députés et était présidée par M. le marquis de Cavour. » Le président du conseil a rendu compte des dernières tentatives qu'il avait faites pour compléter le ministère. Il a ajouté que dans sa pensée le cabinet, même incomplet, répondait à tous les besoins et pourrait suffire â sa tâche, s'il avait l'appui franc et complet du Parle ment. Il a conjuré la Chambre de se prononcer, parce que la diplomatie, a-t-il dit, ne pouvait pius avoir confiance dans un ministère dont la chute est à tout instant annoncée. » Après ce discours, le président du conseil, qui était venu seul et sans aucun de ses collè gues, s'est retiré. Plusieurs discours ont été prononcés, mais l'Assemblée s'est séparée sans prendre aucune conclusion. » Il est évident que cette séance n'a pas at teint le but que voulait le ministère. Il s'agis sait de reconstituer Sa majorité évidemment ébranlée. En définitive, on n'a pas fait un pas, et la position est restée ce qu'elle était. » M. Ricasoli a déclaré qu'il ne voulait se retirer que devant un vote formel delà Cham bre. Or ce vote, la Chambre ne parait pas dis posée A le donner; mais elle n'est pas disposée non plus à soutenir le cabinet tel qu'il est. Ce qu'on veut, c'est amener le ministère à rendre à la Couronne sa liberté d'action, mais en lais sant la porte ouverte à la rentrée de M. Rica soli, renforcé de nouveaux élémens. » Tout l'embarras de la situation naît de ce formalisme. Le caractère un peu roide de M. Ricasoli se prête difficilement aux exi gences du régime constitutionnel et aux transactions que le 3 circonstances nécessitent, deux de ses collègues qui savent qu'ils seraient sacrifiés dans un remaniement abusent de la connaissance qu'ils ont de son caractère pour le faire résister à outrance. C'est pour cela qu'on l'a envoyé seul à la séance de la Société Philharmonique. On sait que son nom et son caractère exercent un très fort ascendant sur tout le monde. » Je vois par les lettres qui m'arrivent de Paris qu'on s'inquiète beaucoup plus qu'il ne faudrait de ces difficultés, qui sont inhérentes aux gouvernomens libres, et il n'est pas bien sûr que lesgouvernemens non libres en soient tout à faits exempts.'En somme, il s'agit de nuances et de personnes. » Le système général de la politique n'est pas le moins du monde en danger. It ne faut pas croire le navire en péril parce que la machine a besoin qu'on mette un peu d'huile sur les ressorts. Les craintes que certaines personnes de bonne foi manifestent sur ia situation de ce pays sont non seulement exagérées , mais ridicules. Une nation n'est pas en danger parce que certaine? personnes pensent qu'un mi nistère a commis quelques erreurs et doit être non pas renversé , mais modifié. » On peut faire comme Victor-Emmanuel, qui,...