Extrait du journal
PARIS, 5 JUILLET. *r Nous avons publié hier un article sur le .rôle que les clubs ont joué èn Amérique, et qu'ils n'y jouent plus, grâce à Dieu et grâce au bon sens du pays. Lp National .veut voir dans cet article une attaque déguisée contre la liberté absolue des clubs en France. Le National ne se trompe qu'en un point : notre attaque n'est pas déguisée. Nous n'avons pas cité l'Amérique pour cacher notre pensée; noua l'avons citée comme un exemple à l'appui de ce (Rie nous pensons. Nous sommes convaincus, en effet, que les clubs tels qu'ils existaient à Paris ayant les cruelles journées du juin seront toujours un danger menaçant pour l'ordre et pour la paix publique. Seraient-ce, par hasard, les journées de juin elles-mêmes qui auraient pu changer sur ce point notre conviction ? Après tout, à qui le National en a-t-il? Pour quoi est-ce contre nous qu'il défend la liberté des clubs? Est-ce que les clubs sont ouverts en ce moment, ou bien est-ce nous qui les avons fait fermer? Que le National adresse ses remontrances au pouvoir exécutif. Son avis aura sans doute plus de poids que le nôtre, et nous nous contentons d'exprimer notre pensée, sans avoir la prétention de-l'imposer à personne. Si les faits nous donnent raison, est-ce notre faute? Il est vrai, nous ne sommes pas pour la li berté absolue ; nous croyons que la liberté abso lue , par les excès qu'elle engendre, mène droit à la destructiou de la liberté même. Il n'y a pas bien longtemps encore, le National prétendait prouver centre nous que l'armement général de la population était une garantie infaillible contre les émeutes et les révoltes. Il nous prenait en pitié de croire que, quand tout le monde serait garde national et aurait un fusil, il pourrait encore y avoir des batailles dans les rues. Nous n'avons rien dit; nous n'avons pas voulu laisser échapper une seule parole de mauvais augure ; les événemens, hélas !ne se sont chargés que trop tôt de répondre pour nous. Au jourd'hui on désarme une partie de cette population qu'on avait armée tout entière, et plus de cent mille fusils sont déjà rentrés à Vincenues. Pour quoi le National ne nous attaque-t-il pas sur ce désarmement? On a aboli toutes les lois répressives de la presse, les lois sur l'affichage, les lois sur les crieurs Rublics, ou .du moins on n'a plus exécuté aucune de ces lois. Où en sommes-nous aujour d'hui? Dix ou douze journaux ont été supprimés purement et simplement, sur l'ordre du pouvoir exécutif, et le rédacteur de l'un de ces journaux a été jeté en prison et mis au secret. En un mot, à une liberté sans frein et sans limite a succédé l'état de siège nécessité par une lutte épouvan table, et c'est à nous que le National s'en prend ! Nous nous soumettons à tous les sacrifices que l'intérêt public exige. Il faut que la société vive, nous le reconnaissons. En ce moment, nous l'a vouons avec un profond regret, la liberté ne peut être que le moindre des soucis d'un peuple qui est inquiet pour la propriété, pour la famille, pour les bases nécessaires de l'ordre social. On demande la sécurité, on demande la paix, on les de mande à tout prix. Nous baissons la tête, et, en présence de tant de légitimes douleurs, des larmes qui coulent, des inquiétudes de l'avenir, nous n'a vons pas le courage de réclamer. Nous craindrions de nous rendre coupables d'un égoïsme odieux en faisant le moindre obstacle au pouvoir. Mais qu'il nous soit au moins permis de le dire : Voilà les suites qu'entraîne et qu'entraînera toujours une liberté sans limites. La,dictature est le dernier mot de la licence....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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