Extrait du journal

de remontrance. Nous sommes conservateurs, et ce sont les intérêts suprêmes des conser vateurs qui sont en jeu. Cette partie peut être la dernière. Il nous est donc bien permis de demander où. l'on nous mène et par quelles voies on nous mène. Il nous est permis de prendre ombrage et souci de la disposition du public à comprendre de moins en moins l'acte du 16 mai. » Nous disions hier que Paris est incorri gible dans son penchant à s'animer contre tout gouvernement, quel qu'il soit ; nous tenons compte de ce vice originel de la capi tale , cette vieille terre des frondes, des bar ricades, des journées révolutionnaires. » Il est cependant nécessaire d'observer que jamais Paris n'a été plus unanimement en traîné dans un mouvement de méfiance et de réprobation. » Lors de la fameuse élection d'avril 1873, les masses parisiennes, sous l'empire de mo tifs divers, se jetaient avec passion sur la candidature Barodet; mais on n'en trouvait pas moins, dans tous les lieux publics, sans; parler des journaux, des champions ardens a; plaider la cause de M. de Rémusat. Est-ce que vous rencontrerez aujourd'hui, sur mille, un seul citoyen qui ose élever la voix en fa veur de ce ministère? » Nous en prenons à témoin tout observa teur calme, exposé à voir beaucoup de monde, et du monde varié, dans la journée. » Pourquoi? À cause de la lettre d'une âpreté insolite, qui a donné son congé à M. Jules Simon; » A cause de l'exclusion dont a été frappé tout le parti républicain modéré ; J> A cause de l'effroyable impopularité qui pèse sur certain nom. Cette impopularité est injuste, aveugle, déraisonnable dans le der nier degré, soit I mais c'est un .fait visible, résistant et tenace, dont, sous peine de'folie, il convient de tenir compte. » Ce cabinet a trois hommes d'une grande. Valeur d'intelligence et de caractère ; nous n'avons pas à les nommer, le public les con naît; mais ces hommes, sauf un peut-être, étant nouveaux dans les hautes affaires, ont à donner des gages, avant d'être investis du prestige qui facilite aux hommes d'Etat leur œuvre et l'accomplissement de leurs des seins. » A notre sens, le cabinet est à modifier, et rapidement. Il faut qu'il se hâte de. ré parer le mieux qu'il pourra son vice ori ginel. » Nous mettons de côté, non pas qu'ils ne soient efficacement nuisibles, des fonction naires subalternes, êtres debiles, infatués et suspects, qui s'agitent dans les coulisses et qu'on écoute trop, politiques de salon et de côterie, qui connaissent Paris et la France: comme nous connaissons, nous, Pékin et la Chine. » En résumé, il faut un hardi et violent coup de barre pour mettre en d'autres eaux ce qu'on appelle le vaisseau de l'Etat ; ou la traversée, après avoir été pénible, sera finale-' ment fatale. »...