Extrait du journal
La crise du cuir Eu vue « de ménager les ressources'du territoire national et de réduire au strict indispensable les importations à demander aux pays étrangers », une circulaire minis térielle invite MM. les généraux à répri mer la consommation abusive que l'ar mée fait du cuir. Une mode, imitée de l'Angleterre, a rétabli chez nous l'usage du baudrier, qui n'était plus porté ; que par les gardes champêtres.. Commode dans une guerre de. mouve ments, pour soutenir à la fois le sabre, l'e« revolver, la sacoche et la lorgnette, il devient inutile dans une guerre de tranchées où la bataille, durant de longs mois, reste fixée sur place ; cependant, le baudrier se lait de jour en jour plus commun et plus large; il n'est plus d'officier venant en permission qui ne décore sa poitrine de cette buffleterie. Les\bottes et leggings ont attiré aussi l'attention du ministre. Il s'en fait un pro digieux emploi. Depuis l'aviateur, culotté de hautes bottes à lacets qui l'aident à franchir les bourbiers aériens, jusqu'au scribe de l'arrière qui se rend k son bu reau dans des jafeibières de cuir, tout ce qui porte l'uniforme rivalise de fantaisie et de luxe. La circulaire décide avec raison que seules les troupes montées auront droit aux chaussures montantes. Cette réforme militaire intéresse aussi les civils. Les femmes ont-trople sentiment du devoir patriotique pour ne point s'in cliner devant les nécessités de là défense nationale. Elles avaient adopté, depuis la guerre, des bottes délicieuses, si hautes que malgré la brièveté de la jupe, l'œil le plus perspicace n'en voyait pas la fin : elles portaient en écharpe, passé sous la patte" de l'épaule, un mignon bau drier , du dernier type de Londres , qui donnait au corsage l'aspect le plus martial, mais qui n'avait même pas l'excuse de tenir suspendu l'indispensable sac où les cartes du filleul et le trousseau de clefs voisinent avec l'a bourse et la houppette à poudre de riz. Les Parisiennes feront à la patrie le sacrifice de ces vains ornements : on peut bien se restreindre sur le cuir quand on a su se priver de sucre et de charbon. . .. • ' r Les personnages qui visitent le front ne manqueront pas de modifier leur tenue de voyage. Pour une heure qu'ils passaient dans la zone de guerre, ils s'équipaient comme pour une campagne. Guëtrés de cuir jusqu'à mi-corps, ils faisaient mer veilleuse figure dans les photographies des journaux à images ; mais on assure que, peu habitués à cet accoutrement, ils n'étaient occupés qu'à relacer leurs guê tres. Mince inconvénient, mais qui ne rehausse pas l'attitude et lé prestige de commissaires aux armées. Les civils désor mais s'habilleront en civils et relèveront leur pantalon. Z....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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