Extrait du journal
sommes presque forces d'en douter aujourd'hui. Le gouvernement s'est tu. Il s'est enveloppé dans sa dis crétion. Et voilà que tout-à-coup on nous apprend que le cas de guerre , c'est la prise de Beyrouth ! Le minis tère, il est vrai, délibère encore; la pressé ministérielle ne délibère plus. On flotte ainsi au gré des évéhemens : sur les plus faibles présomptions, on se flatte de la paix ; au premier mécompte, on se rejette dans la guerre. Est-ce là du gouvernement? Est-ce de la raison? Il faut que le pays le sache : il court en ce moment deux dangers , un danger extérieur et un danger inté rieur. Le danger extérieur, à Dieu ne plaise que nous cherchions à le diminuer! Nous ne voulons pas non plus le grossir comme le font si imprudemment les journaux ministériels. Nous l'envisageons d'un œil ferme. Nous l'avons vu tel qu'il est le lendemain même du traité de Londres. Nous avons dit au gouvernement de se tenir prêt. Nous le lui disons encore. Il n'y a pas dextrémités, nous le reconnaissons, que la France ne doive braver, plutôt que de laisser amoindrir dans le monde sa considération et sa puissance. Que le traité de Londres porte en lui un principe de guerre européenne, c'est possible! Nous qui, n'avons pas pris part à ce traité, nous sommes les maîtres de choisir notre mo ment. Ne perdons pas, par un fatal entraînement, cette bonne et forte position ! S'il faut faire la guerre, faisons la, mais faisons-la en 'gens de cœur, auxquels la vue du danger ne trouble pas l'esprit; faisons-la quand nous pourrons proclamer, à la face dq ciel et des hommes , que nous la faisons par devoir ; et alors lirons l'épêe, et jetons bien loin le fourreau ! , A côté du danger extérieur , il y a un danger inté rieur! L'agitation des esprits ouvre aux factions une chance inattendue; la guerre est un noble prétexte; une révolution est leur but. Nous ne parlons pas des maux effroyables qu'à l'intérieur une nouvelle révolu tion ferait peser sur le pays. Mais nous disons avec une conviction profonde qu'un.e révolution, en divisant en core la France, en la remplissant de haines implacables, de désespoir,. de terreur, la désarmerait en face de. L'etranger! Ce danger-là, les journaux ministériels ne le voient pas, apparemment; nous le Soyons, nous, et nous le signalons à la France !...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - thiers
- hollande
- austen
- sébastiani
- charles adam
- quant
- france
- beyrouth
- syrie
- londres
- napier
- angleterre
- alexandrie
- sy
- europe
- egypte
- conseil de cabinet
- union
- forces françaises
- commodore