Extrait du journal

les nègres de faim, et comme 41 y aurait de quoi triompher sur un si beau sujet! Ilé las! ici encore un dernier désappointe ment paraît réservé au Sud et à ses adhé rens. Sans doute le problème est un des plus ardus qui soient au monde. Mais comme les personnes qui prédisent aussi charita blement l'échec de cette grande expérience sont celles-là même qui déclaraient que le iSud ne serait jamais vaincu, ou du moins jamais soumis, et comme aujourd'hui les armées de M. Davis n'existent plus, tan dis que les Etats du Sud s'accommodent sans résistance du gouvernement de l'U pion, les Américains feront bien de se mettre résolument à l'œuvre en laissant les prophètes prophétiser à leur aise. Pour mener cette œuvre à bonne fin, le Nord devra maintenir unies à tout prix ses forcés et son intelligence : nous entendons désigner ainsi les abolitionistes de toutes nuances, républicains et radicaux, ce grand parti, appelé au pouvoir par la majorité en 4860, et qui a jusqu'à présent si bien justifié la confiance de ses concitoyens. Malheureusement, la mort d'un regrettable homme de bien, M. Lincoln, a privé ce parti de son chef naturel, et il est à craindre que M. Johnson ne soit pas ce qu'était son prédécesseur. Nous avons constamment soutenu la cause du Nord, parce qu'à notre avis cette cause représentait l'humanité et le bon droit; mais cela ne veut pas dire que nous soyons ravis d'enthousiasme pour tout ce qui se passe sur le sol américain. Nous admirons Je sens politique des Amé ricains, qui préfèrent supporter la prési dence de M. Johnson plutôt que de modifier violemment leur Constitution; mais cela ne veut pas dire que nous admirions tous les actes de M. Johnson. L'esprit qui anime sa proclamation contre les habitans du Sud possédant plus de 20,000 dollars est dé plorable. Après avoir fait du zèle et s'être montré plus démagogue que la démagogie, serait-il vrai maintenant que ce nouveau converti, cet ancien adversaire des aboli tionistes voulût abandonner le parti répu blicain dans la question de la réhabilita tion des nègres, pour se faire bien venir de ses premiers amis? Que tout cela se rait triste et que tout cela serait vieux ! Mais n'imitons pas les journaux sudistes qui recherchent avec une prédilection étrange, dans un des plus nobles mouvemens qui aient agité l'humanité au dix-neuvième siècle, ce qu'il y a de vil et de honteux. Laissons là ces misères, et revenons aux nègres....