Extrait du journal

l'instruction militaire. Mais, dans le fond, rien de plus opposé au système allemand, dans le but comme dans les moyens, que celui auquel M. le général Mercier rêve d'attacher son nom. La durée du temps de service n'a été nullement abaissée, chez nos voisins, dans la vue de permet tre la réduction des effectifs et des dé penses militaires : tout au contraire, on le sait de reste, une énorme augmenta tion des unes et des autres a été la con séquence obligatoire et immédiate du vote de la loi : encore la mise en vigueur du service de deux ans n'a-t-elle été jugée sans danger que parce qu'il ne devait s'appliquer en rien aux troupes à cheval, et parce que l'introduction en avait été préparée de longue date par la constitu tion de cadres inférieurs d'une solidité incomparable, composés qu'ils sont ex clusivement de sous-officiers et de capo raux rengagés. Enfin, il est bien connu que l'arbitraire allemand, si arbitraire il y a, s'exerce uniquement dans l'intérêt du service et de l'instruction profession nelle; on renvoie individuellement les hommes jugés parfaitement instruits pour faire aussitôt place à d'autres; on ne libère point en bloc telle ou telle partie de classe, sous prétexte qu'elle a déjà mangé assez d'argent à l'Etat et pour économiser le reste des journées qu'elle devrait lui coûter encore. Au surplus, ceux qui douteraient en core de la manière dont le régime serait appliqué chez nous n'ont qu'à méditer ce simple fait : non content d'y préluder en sollicitant la réduction du budget de la guerre de 607 à 591 millions et du relève ment d'effectif, déclaré « indispensable » tout récemment encore, de 35,000 à 6,000 hommes, le ministre de la guerre vient de donner l'ordre au service du recrute ment de préparer le renvoi, dès l'au tomne prochain, de 62,000 hommes pris par moitié ou à peu près sur les classes incorporées en novembre 1892 et novembre 1893. S'il ne craint pas d'es compter avec tant de désinvolture la complaisance nous allions écrire : la complicité du Parlement, que sera-ce lorsqu'un vague bout de loi lui aura donné ses coudées franches ? Il est vrai qu'à ce moment ce n'est pas avec une commission financière, mais avec la commission de l'armée et avec la Cham bre tout entière qu'il faudra s'expliquer et qu'on pourrait bien reconnaître, alors, que le renvoi qui s'impose, ce n'est pas celui de contingents tout au plus dé grossis. Charles Malo....