Extrait du journal

Si la République argentine voulait faire le jeu de ceux qui désirent le prompt écroulement de la Société des Nations, elle ne pouvait s'y prendre mieux qu'en agissant comme elle le fait en ce moment. Ses délégués, en se retirant à la première difficulté qu'ils rencontrent, créent un précédent qui, dans le cas où il serait suivi, entraînerait la liquidation inévi table de l'organisation internationale à peine formée. L'Assemblée, estimant qu'il ne convient pas de bouleverser le pacte dès celle session inaugurale, avait décidé que les amendements louchant à la constitution même de la Société se raient ajournés à l'an prochain. Rien de plus sage. 11 s'agit" de mettre d'abord en marche la lourde machine construite au lendemain de la guerre-, lies rouage? soiit certes fort imparfaits, nous ne nous le sommes jamais dissimulé ; mais, pour les améliore\ sans les casser, il convient de se donner le temps de la réflexion. On lira plus loin les/' déclarations que le premier délégué de l'Argentine a faites à notre correspondant de Genève. Elles ne sont pas de nature à nous convaincre. M. Pueyrredon dit qu'il entend maintenir la Société des nations dans la voie droite qui la conduira à la démocratie, à l'éga lité complète et à la justice, et il affirme que l'Argentine a fait le geste qui s'im posait. 11 est permis de ne pas être de son avis et de partager plutôt l'opinion de Pascal sur les chercheurs d'absolu. D'ail leurs, l'attitude de l'Argentine est peut être déterminée aussi par des considéra tions politiques plus lerréà terre. Elle croit sans doute répondre ainsi aux vœux d'une partie de l'opinion des Etats-Unis ; elle peut espérer se ménager pour l'avenir des sympathies en Allemagne ; enfin il n'est pas invraisemblable qu'elle compte deve nir le centre d'un groupement d'Etats désireux d'augmenter tout de suite leur influence dans le ménage de la .Société. Les actions des Etats, comme celles des individus, ont presque toujours des mobi les complexes. Nous ne savons pas,au moment où nous écrivons, si cet incident s'arrangera à l'amiable ou si la sécession annoncée" se, produira d'une façon définitive. La situa tion se trouve encore embarrassée du fait que la délégation argentine, au moment même où elle se retirait, a déposé un amendement tendant à l'admission im médiate de tous les Etals souverains re connus, c'est-à-dire, entre autres, de l'Allemagne, qui n'a cependant pas posé sa candidature. En outre, M. Doherly,...