Extrait du journal

o " -• Le bonheur, dft-il, nous le portons en nous comme un grand trésor ignoré que peu d'hommes arrivent à découvrir. Il faudrait être pieux devant chaque ma tin, devant chaque minute, vivre et non pas durer. Bulles informes, les heures sont a nous. Nous pouvons les gonfler et les colorier à notre guise ; nous devrions, le soir venu, en faire une riche guirlande, et ços jours ne devraient pas être un amas, mais un monument. Un Père de l'Eglise a donné, selon moi, l'unique définition du bonheur. Comme on"1 l'interrogeait sur la façon dont il entendait la félicité des élus échappés à la terre, il ne parla d'aucune merveille de Paradis, mais il répondit sim plement : « Ils 'désirent pc qu'ils ont ! » Le bonheur, c'est quelque chose comme cette semence qu'on met dans les coq'ui'les de certaines huîtres du japon. Sans elle, la perle ne se formerait jamais. Il faut posséder la divine graine... Ce serait si simple !... Tout ce à quoi les gens ne son gent pas devrait nous être allégresse. On devrait se dire tous les jours : « Je me porte bien... je suis 1à... je pourrais avoir le cancer, une maladie tragique, et je n'ai rien... . Joie ! Joie !... Alléluia !... Actions de grâces !... Mes trésors ne coûtent rien : Je m'éveille quand j'aurais pu ne pas m'éveil ler... Quel miracle !... J'ouvre ma fenêtre... Il y a du soleil et j'ai envie d'entonner l'hymne... 11 pleut? Comme le temps gris est apaisant !... Il fait froid ? Rien ne vaiit le feu que j'allume !... Tout m'est fortune :...