Extrait du journal
représenter la divinité de ces lieux sau vages, prenant son essor vers le ciel sous les plis d'un long voile d'argent. » Le regard rivé à l'éblouissante vision, étourdis par le parfum capiteux des her bes aromatiques que nous foulions aux pieds et par le bruit de la chute qui cou vre tous les autres sons de sa puissante harmonie, nous gravîmes les zigzags du sentier comme en rêve, puis, le sentier faisant défaut, je m'aventurai parmi les roches glissantes qui surplombent la cas cade. Les avertissemens de mes compa gnons n'arrivaient plus jusqu'à moi ; j'al lais en avant d'un pas sûr, sans rien voir que cette colonne de lumière liquide, quand soudain, par malheur, mes yeux s'en détachèrent pour s'abaisser vers les noires profondeurs du gouffre béant à mes pieds. » Je me trouvai au bord d'une étroite corniche. Au-dessous de moi flottait la vallée démesurément grandie par le clair de lune, avec ses ombres mouvantes que balayait le vent. Les branches noires d'un bouquet de sapins me faisaient des signaux lugubres. Mes tempes battirent, j'entendis le bourdonnement de mes ar tères. Le danger n'eût pas existé en plein jour. Je n'étais pas, en somme, à une grande hauteur ; j'avais atteint cette place sans difficulté ; avec un peu de sang-froid je pouvais m'y maintenir, mais le vertige m'avait maîtrisée ; en vain je fermais les yeux ; mes jambes faiblissaient de plus en plus, la terre se dérobait sous mes pieds, un aimant irrésistible m'attirait en avant, la cascade menaçait de m'envelopper comme un linceul. Je jetai un cri de dé tresse auquel répondit, à deux pas de moi, un cri d'angoisse ; toute éperdue que je fusse, je reconnus la voix de Michel et la mort ne m'effraya plus. » Que ne m'a-t-elle saisie en pleine illusion, sûre d'être pleurée !... Je me sen tis captive sur une poitrine palpitante et je m'évanouis pour la première fois de* ma vie. Tout le reste, je le sais, fut un délire : cette étreinte qui se resserrait, ces étoiles qui tombaient autour de moi, cette trans formation du mugissement de la cascade en hymne céleste, mon nom : Hermine ! prononcé par ses lèvres, la délicieuse tor peur enfin qui me faisait désirer ne ja-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - hervey
- gambetta
- de reuilles
- gladstone
- alonso martinez
- de gèvres
- henry elliot
- sir henry
- redcliffe
- peko
- turquie
- russie
- angleterre
- paris
- bulgarie
- belgrade
- serbie
- autriche
- interlaken
- allemagne
- la république
- république française
- km
- etat français
- parlement