Extrait du journal

Nous reproduisons plus haut (voir aux nouvelles d'An gleterre) le comple-rendu d'un meeting tenu à Dublin par l'Association du Rappel. Nous ne pouvons cepen dant le reproduire sans quelques mots de réserve, car nous ne voudrions pas laisser croire que nous y voyons quelque chose de sérieux. II paraît qu'un des orateurs de cette réunion a célébré, avec un enthousiasme em preint de la couleur locale, le bombardement des ports du Maroc et le courage de M. le prince de Joinville. Nous serions assurément flattés de ces éloges, et pour M. le prince de Joinville et pour la marine française, si nous pouvions les croire désintéressés. Mais, en con naissant la valeur, nous avouons avec sincérité que nous en sommes médiocrement touchés. Il y a quelque temps, quand une parfaite harmonie paraissait régner entre les gouvernemens de France et d'Angleterre, les orateurs du Rappel prodiguaient les plus pla tes injures au Roi des Français et à sa famille. Aujourd'hui qu'on se plaît à faire courir des bruits de guerre, ces mêmes faiseurs de harangues changent leur thème, et ils se servent de M. le prince de Joinville et de la marine française comme ils se servaient jadis de M. le duc de Bordeaux et de la fameuse brigade qu'ils mettaient à son service. Il ne faut point se faire des illusions qui pourraient être un jour cruellement trom pés. Les Irlandais, il faut le dire, seraient les premiers à se moquer de nous si nous prenions pour de l'argent comptant les vœux qu'ils expriment pour nos succès. Nous serons heureux de les voir profiter de toutes les circonstances pour obtenir la justice qui ne leur est pas complètement rendue, mais nous n'aimerions cependant pas à être pris pour dupes. Il ne faut pas se le dissimu ler, les sympathies des Irlandais pour nous dureraient jusqu'au moment où ils en auraient tiré tout le parti possible ; on a l'air de croire qu'en des temps difficiles l'lrlande serait un instrument pour nous ; nous croyons plutôt que nous en serions un pour elle....