Extrait du journal

A peine Un jury bienveillant avait-il acquit té une femme qui avait tiré sur son mari, que plusieurs femmes se sont empressées de s'ar mer de revolvers et d'en faire usage. Il leur a paru sans doute que cette tentative était sans risque, du moins pour elles. On .a sou vent remarqué que les crimes de cet ordre se succèdent par séries, et comme sous l'in fluence d'une sorte • d'épidémie. L'imitation, la contagion et l'émulation jouent leur râle. Mais au point de départ, il y à l'espérance de l'impunité. Les jurys sont volontiers sentimentaux. Ce n'est pas une bien bonne condition pour rendre la justice. La charité et l'humanité s'accommodent des mouvements de sensi bilité, des effusions, et des démarches où la générosité peut avoir plus de part que la prévoyance. Mais la justice veut plus de ré flexion. Le jour où les jurys, par l'abus des jacquittements, ont laissé s'accréditer l'idée qu'il -existait des crimes de choix, des cri mes exceptionnels et privilégiés et dignes d'indulgence, ils ont rendu le crime, dit pas sionnel, plus aisé et plus abordable. La pre mière mesure à prendre pour diminuer les abus du revolver, ce serait de renoncer à l'habitude des acquittements faciles et de re mettre en usage dans les jurys le drpit de punir. ■ On ne voit pas d'ailleurs en quoi un crime commis dans l'exaltation mérite plus d'indul gence qu'un autre. On ne voit pas en quoi un être humain est digne de plus de coin-...