Extrait du journal

Si la réputation dont on jouit dans un pays se mesurait nécessairement à l'intérêt et à la sympathie qu'on lui témoigne, M. Philip Gilbert Hamerton, dont les ob sèques ont eu lieu hier, méritait d'être mieux connu en France. Peintre et gra veur de talent, critique d'art des mieux in formés, écrivain souple et délicat, tous ces titres, qui témoignent de la variété de ses aptitudes, le recommandaient au public français moins encore sans doute que ses travaux sur nos artistes, sur nos célébrités et sur notre pays, Peu d'Anglais, croyons nous, nous connaissaient mieux. Son der nier livre : Français et Anglais, publié il y-»- quelques années, est, tout compte fait, dans sa contexture un peu lâche et avec son style sans prétention, une des études comparatives les plus complètes, les moins entachées de partialité « insulaire » qui aient été écrites sur les deux peuples. Ce sont, d'ailleurs, plutôt qu'une œuvre didactiquç, les souvenirs d'un observateur patient et saga ce', d'un esprit ouvert à toutes les manifestations de la pensée contempo raine dans les deux pays. Une de ses idées favorites sur l'atténuation progressive des différences qui séparent le génie français du génie anglais, chacun faisant en sens in verse un chemin qui finira par amener la rencontre, est moins paradoxale peut-être qu'il ne paraît au premier abord. En tous cas, avec M. Hamerton, disparaît pour nous un ami judicieux. Ils ne sont pas si nom breux qu'on ne leur doive au moins un sou venir....