Extrait du journal

L'opinion publique vacille, irrésolue, plutôt timide, parlant pour ainsi dire à voix basse. Et les tribuns, les publicistes, d'être surpris que leurs appels, leurs violences de langage, leurs menaces ne trouvent qu'un faible écho dans les oreilles qui paraissaient cependant attentives. Ces cris d'alarme étaient-ils donc inutiles? Tous ceux qui ne sont pas mêlés à la politique, qui ont conservé quelque goût de la réflexion, et la possibilité de garder une « tête froide », ne s'étonnent pas au tant que les plus ardents de ce phénomène, car ils en devinent la cause. L'opinion pu blique est habituée aux catastrophes. Elle en apprend tous les jours, mais avec plus de curiosité que d'émotion. Les événements fâcheux qui parviennent au monde entier en quelques instants sont aussitôt inscrits dans les journaux en immenses caractères destinés à attirer le regard pendant tout un jour. Or, un journal se doit d'offrir le lendemain, le surlendemain, presque cha que jour, une grande nouvelle ; mais comme, en même temps, « il en faut pour tous les goût? », l'incident politique ou social côtoie un crime ou une victoire sportive....