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Journal des débats politiques et littéraires, 9 décembre 1831

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Journal des débats politiques et littéraires
9 décembre 1831


Extrait du journal

plus en plus à fausser l'institution du jury et à déshonorer ou à rendre impuissante la distribution de la justice. Quelque prouvé que fût le fait, on ne trouvait pas de jurés qui voulussent répondre oui! quand leur déclaration affirmative allait entraîner l'application d une peine exorbitante à un crime léger. Plus d'une fois on a vu les magistrats eux-mêmes provoquer l'indulgence du jury. De là deux désordres déplorables: la justice déclarant tout haut, et en public, le contraire de l'évidence, et des gens, qui auraient dû être condamnés à quelque peine, souvent acquittés tout à fait par la bar barie même de la loi. Que le juré sache bien au contraire qu'il ne tient qu à lui, en déclarant qu'il y a des circonstances atténuantes , de diminuer la rigueur de la peine , il ne se trouvera plus renfermé entre la nécessité de manquer à la loi et à la vérité ou de manquer à la raison et à l'humanité; il sera vrai parce qu'il pourra être juste. La prudence des magistrats atténuera la peine selon les cas; chaque crime sera puni selon sa gravité et le coupable ne trouvera pas une impunité complète et scandaleuse dans l'énormité même de la loi. Nous ne craiguons pas de le dire : dans cette disposition seule il y a un progrès immense et une nouvelle législation pénale tout entière. C'était le complément nécessaire de l'institution du jury et le seul moyen d accommoder l'inflexibilité des règles générales de la loi à la variété infinie des degrés de culpabilité réelle. Plût à Dieu que .nos Chambres s'occupassent souvent de lois pa reilles , et que le public et elles y prissent un peu plus dégoût! Qn travaillerait moins ponr soi, pour son amour-propre. pour son parti , on travaillerait plus pour la France. C'est une très belle chose sans doute qu'un discours de tribune, élaboré avec soin r destiné à remuer profondément les passions , à remplir de lecteurs tous les cafés et tous les cabinets littéraires de la France. Mais c'est une bien meilleure chose qu'une seule réforme positive! La Chambre a fait des choses plus brillantes ; elle n'eu a pas fait de meilleures en loi et Je plus utiles que cette loi sur le Code Pénal. On en a peu parlé , mais l'administration de la justice en sentira le bienfait. Quand nous nous occupons de grandes généralités politiques , nous croyons tra vailler pour les siècles , et le temps emporte bientôt notre ouvrage. Ce qui reste, ce sont précisément ces améliorations modestes qui ont fait peu de bruit et beaucoup de bien ! Qui peut dire combien d'es prits éclairés se rendent inutiles au pays par leurs passions politiques ! Dans les discussions de ce genre, au contraire , la passion ne trouve guères de place ; on travaille en commun et de bonne foi au bien public; on profite des lumières de tous sans distinction départi. Cela ,il est vrai, fait des séances bien calmes, bien peu dramatiques. Mais qu'importe, bon Dieu ! , " V...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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