Extrait du journal

PARIS, 8 NOVEMBRE. Nous trouvons aujourd'hui dans les jour jaaux anglais un discours que lord Pal merston vient de prononcer à Manchester, en réponse à l'Adresse de la chambre de commerce de cette ville. Dans ce discours, le premier ministre exprime l'espoir que la paix de l'Europe sera maintenue; mais il ajoute que la durée de la paix dépend de la fidélité que la Russie apportera dans l'ac complissement des conditions qui lui sont imposées par le traité de Paris. Un pareil langage mérite assurément l'approbation générale, et il donne lieu d'espérer que le gouvernement anglais, joignant l'exemple au précepte, portera dans l'exécution de ce même traité l'esprit de conciliation et de bonne foi, le.respect de la justice et du droit, sur lesquels il demande à la Russie de régler sa conduite. ,On lie sait rien de positif sur l'attitude prise par la Prusse dans la question relative à l'occupation des principautés par l'Au triche. Si l'on en croit une correspondance de Paris , publiée par le journal le Nord, le cabinet de Berlin, qui avaitd'abord approuvé formellement l'occupation , manifesterait aujourd'hui des dispositions différentes , et il aurait"déclaré qu'il réservait son opinion sur cette question qui ne l'intéresse pas di rectement. Un journal du matin , le Siècle, fait valoir un argument qui n'avait pas encore été pro duit à l'appui de la prétention annoncée par l'Autriche et par l'Angleterre de maintenir indéfiniment leurs forces militaires et na vales dans les principautés et dans la mer Noire. Cet argument est fondé sur le traité du 15 avril dernier, conclu, comme on sait, entre la France , l'Angleterre et l'Autriche pour la garantie du traité de Paris. Ce traité contient deux dispositions qui sont ainsi conçues : « Art, ler.1er. Les hautes parties contractantes garantissent conjointement et séparément l'indépendance et l'intégrité de l'empire ot toman , consignées dans le traité conclu à Paris, le 30 mars 1856. » Art. 2. Toute infraction aux stipulations du susdit traité sera considéré par les puis sances signataires du présent traité comme un casus bclli. Elles s'entendront avec la Sublime-Porte pour les mesures qui seront devenues nécessaires ~ et régleront entre elles sans délai l'emploi a faire de leurs forces militaires et navales. » Le journal dont nous parlons fait remar quer qu'aux termes de ce traité les trois puissances garantissent à la fois conjointe ment et séparément l'intégrité de l'empire ot toman; et qu'ainsi l'Angleterre ne garantit pas seulement de concert avec la France et l'Autriche, mais qu'elle garantit aussi toute seule; d'où ce journal conclut que l'Angle terre n'a pas besoin.de notre agrément pour laisser ses vaisseaux dans la mer Noire, et que l'intervention du Congrès est inutile pour décider une question déjà tranchée par le traité du 15 avril. Nous ferons à notre tour une observation qui ressort naturelle-...