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Journal des débats politiques et littéraires, 9 octobre 1845

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Journal des débats politiques et littéraires
9 octobre 1845


Extrait du journal

mettre à l'essai la bonne volonté ou la puissance de l'Empereur? C'est la thèse que soutient l'Oppo sition ; mais en vérité, en raisonnant de cette sorte, tout traité serait une faute ; car quel est le traité qui ne soit pas exposé à être rompu ? Quel est l'engagement que la mauvaise volonté ou l'im puissance de la partie qui s'engage ne puisse pas rendre illusoire ? Dans l'affaire du Maroc, puisqu'on veut revenir sur le passé, tous les raisonnemens de l'Opposition n'empêcheront pas que le gouvernement n'ait fait preuve d'énergie et de modération ; d'énergie dans la conduite de la guerre :« l'Opposition qui se vante de sa prévoyance devrait se rappeler qu'elle avait cent fois prédit que le gouvernement n'oserait pas, sous les yeux, pour ainsi dire, des Anglais de Gibraltar, bombarder Tanger et Mogador. Tanger et Mogador ont été bombardés, la bataille d'lsly a fait justice en même temps de la cavalerie marocaine. Cela vaut bien apparemment la campagne de 1840 et les prouesses de l'Opposition en Orient sous les murs de Beyrouth et de Saint-Jean d'Acre! L'en tente cordiale n'existait pas en 1840, nous en con venons. Lord Palmerston et M. Tiers en étaient fort loin, de l'entente cordiale! Notre flotte cepen dant était rappelée à Toulon, tandis que sous l'empire de l'entente cordiale, Tanger et Mogador ont été bombardés avec une promptitude et une fermeté de décision dont; à coup sùr, le ministère de 1840 n'avait pas laissé l'exemple à ses succes seurs!- mS- -iv.-r,, ; pi, 7, ' ' Dans la conclusion de la paix, le gouvernement a fait preuve de modération : sans doute, et la vigueur même qu'il avait mise à pousser la guerre lui donnait le droit de modérer ses prétentions, sans que personne le soupçonnât de faiblesse, et de les régler sur les véritables intérêls de la France. Aujourd'hui, comme il y a un an, nous pensons, quant à nous, que le véritable intérêt de la France n'était pas de réduire l'Empereur Abderrhaman aux dernières extrémités, et de nous imposer peut-être à nous-mêmes la nécessité de conquérir le Maroc. Oui, on a ménagé çe prince vaincu, humilié, en traîné par le fanatisme de ses sujets dans une guerre qu'il ne voulait pas. En lui dictant les con ditions de la paix, on a eu soin d'éviter celles qui l'auraient déshonoré aux yeux de son Em pire ; on a été généreux, et la générosité, dans cette occasion , s'accordait avec la politique. Qu'avons-nous recueilli de notre modération? Ce que nous avons recueilli? Le droit incontestable de nous faire justice maintenant, et d'aller cher cher Abd-el-Kader jusque dans le Maroc, puis que l'Empereur est hors d'état d'exécuter sans notre concours le traité qu'il a conclu. C'est le traité à la main que nous entrerons , s'il le faut, sur le territoire d'Abderrhaman. L'Empereur ne se plaindra pas, ou , s'il se plaint, notre réponse est toute prête : Que n'avez-vous fait interner Abd-el-Kader ? Que ne l'avez-vous expulsé? Vous ne l'avez pas voulu, ou vous ne l'avez pas pu. Dans le premier cas, vous avez manqué à vos en gagemens; dans le second, nous venons vous prê ter main forte ! Le gouvernement français , en un mot, a mis par sa modération la justice de son côté; il y a des gens qui estiment que c'est peu de chose ; nous sommes d'un avis parfaitement con traire. On ne fait pas tout en une fois. L'année dernière, nous avons forcé les Marocains à reconnaître la su périorité de nos armes et à s'avouer vaincus. Leur Empereur a séparé hautement sa cause de celle de l'émir. Il a excommunié Abd-el-Kader ; il s'est engagé à le traiter en ennemi. Voilà les résultats qui nous ont été acquis par ce traité dont l'Oppo sition ne sent pas ou ne veut pas sentir la portée. En exigeant davantage, nous n'aurions obtenu probablement que la continuation de la guerre. Aujourd'hui, nous n'avons affaire qu'à l'émir. Il est l'ennemi du Maroc comme il est le nôtre. L'at teindre , abattre sa puissance, lui enlever sa der nière retraite, voilà le but que nous devons nous proposer. La résolution prise par le gouvernement prouve qu'il l'entend ainsi....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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