Extrait du journal

La crise générale dont souffrent tant de pays et dont la France ne subit pré sentement que des conséquences atténuées a déjà fait perdre aux prophètes des temps nouveaux quelques illusions. Elle leur en fera perdre encore. Ses inconvé nients ne seront pas sans contre-partie si elle rappelle un certain nombre de vérités oubliées. Avec autant de naïveté que de suffi sance, les législateurs et les liquidateurs ont prétendu recréer le monde. Ils ont commencé par faire des concessions : c'était le plus facile. En ce temps-là, on assurait que la ratification des accords touchant les dettes, le plan Young et l'éva cuation de Mayence étaient les trois clefs magiques qui ouvraient le palais du bonheur universel. Nous avons toujours cru que c'était là des .extravagances. Mais ■des voix péremptoires se sont élevées.' Des Parlements sans énergie se sont laissé convaincre. Les concessions ont été faites : nous n'insisterons pas sur l'effon drement de cette politique. Après l'ère des concessions est venue celle des sacrifices. Ce n'était pas assez d'abandonner les positions que nous de vions à la victoire. Il fallait procéder à une grande œuvre coûteuse. Il fallait re lever économiquement l'Europe. Sur ce thème, on a entendu beaucoup de phrases d'apparat. On a appelé les experts au se cours. On a pompeusement proclamé qu'il fallait des solutions internationales. Les socialistes, grands ennemis du capital, j mais grands partisans de la destruction des richesses par la réglementation de l'activité humaine, se sont empressés de prendre part au jeu. Résultat : le mal s'est partout aggravé. C'est surtout en faveur de l'Allemagne que s'est exercée dans le monde la pro pagande pour l'assistance internationale. Il fallait la restaurer à tout prix, lui per mettre de travailler et d'acheter. Les An glais et les Américains ont cru à la théo rie. Ils ont prêté sans compter. Les cré dits se sont ajoutés aux crédits. Un jour, on s'est aperçu que l'Allemagne ayant tout reçu n'était pas en état de rien rendre. Elle ne remboursait pas ; elle menaçait de faire faillite. Du coup, l'Amérique était obligée, pour échapper aux conséquences, de procéder à l'opération imaginée par le président Hoover il y a quelques mois. Et l'Angleterre,-déjà un peu ébranlée à l'in térieur par le travaillisme, voyait la livre frappée par les défaillances de l'Allema gne. v ;...