Extrait du journal

Au cours de la -discussion des nouvelles lois militaires, une chose avait paru bien en tendue : c'est que le temps de service -actif du contingent annuel ne subirait aucune ré duction, sous quelque prétexte què ce soit. Voici cependant qu'une proposition de loi esc déposée, tendant à libérer par anticipation le 27-avril les jeunes gens libérables le 10 mai. Le prétexte invoqué est -la nécessité de faire voter aux élections municipales du 5 mai prochain les jeunes gens ainsi libérés. C'est une proposition dangereuse et inquié tante pour l'avenir. On dira bien, en effet, qu'il s'agit seulement d'une avancé de quel ques jours, et qu'il est impossible d'affirmer que ces quelques jours de plus ou de moins seront décisifs dant l'instruction militaire du second demi-contingent de 1927. Aussi n'est ce pas d-ans le fait que la chose est fâcheuse, mais dans le principe. Le contingent en faveur de qui cette pro position est formulée aura fait dix-huit mois de service. Les lois nouvelles, quand elles pourront être intégralement appliquées, com porteront ie service d'un an. 11 y a donc une tendance générale, très humaine sans doute, mais regrettable, à considérer comme des sacrifiés les jeunes gens qui ne bénéficient pas de cet avantage qu'une loi déjà votée as sure à leurs cadets. Il faut réagir contre cette tendance. Voter la proposition actuelle serait -créer un précédent. Fort de ce précédent, on de mandera, bientôt la même faveur pour des jeunes gens qui n'auront servi qu'un an. Les \ quelques jours réclamés auront alors une importance incontestable. Or, à moins de changer, ce qui paraît difficile, les dates d'in corporation, la coïncidence, à quelques jours près, des élections et de la libération d'un demi-contingent se reproduira périodique ment : diminuera-t-on chaque fois de quinze jours -le temps passé SQUS les drapeaux ? Même du seul point de vue de la justice, c'est inadmissible, sans parler du dommage causé à l'armée. Le plus grave dans J'affaire, c'est que l'un des auteurs de la proposition de loi est M. Paul Bernier, qui a été rapporteur de la récente loi sur le recrutement. C'est grave parce que cette fonction lui confère une cer taine autorité. Le service d'un an est possi ble, moyennant certaines conditions, mais j tout juste possible. Il est pénible de voir un de ses auteurs faire une proposition qui tend à diminuer sa valeur et son efficacité. Le ' technicien (ou réputé tel) a fait place au j politicien : manœuvre démagogique évidente que la Chambre doit au pays de repousser. J.-M. B....