Extrait du journal
Bientôt, dans toute la France, les mois sonneuses-lieuses auront fauché nos blés d'un geste mathématique. Dans beaucoup de nos régions méridionales, la moisson est déjà faite ; dans d'autres, elle se fait. Petit à petit, les meules, savamment ali gnées et ressemblant à autant de petites cases de nègres, remplaceront les champs d'épis ondulant sous le vent et mûrissant sous le soleil. Chaque année, obéissant au même rythme, les choses vont ainsi. La moisson sera-t-elle belle ?* Ôéjà les optimistes le proclament. Souhaitons qu'ils aient raison. Cela surprendra agréablement les cultivateurs qui, après un hiver excep tionnellement rigoureux et un printemps non moins exceptionnellement sec, ne s'at tendaient guère à être comblés. On sera fixé après les battages, car, avant, on en est réduit aux conjectures. C'est, en effet, quand la moisson est en sac qu'on en con naît l'exacte valeur. Telle était l'opinion des « anciens », comme on dit dans nos campagnes, opinion pleine de sagesse. En tout cas, le prix du blé demeure bas, ce qui ne sera pas un encouragement pour nos cultivateurs. Leurs efforts mériteraient pourtant d'être couronnés de succès. Certes, je ne veux pas traiter la question du blé, dont d'autres, en ce. journal, ont parlé avec une particulière compétence. Qu'il me soit seulement permis de consta ter avec regret que cette question, jusqu'à présent, demeure sans solution. Elle est pourtant primordiale pour l'avenir de no tre agriculture. Lorsque, dans nombre de régions de France, on entend dire que % blé ne paie plus, on éprouve un véritable serrement de cœur. La décqdence, chaque année accentuée, d'une culture ancestrale comme celle du blé est un événement attristant et fort inquiétant. La moisson était jadis une heure atten due dans nos campagnes françaises. Tout comme la vendange, elle avait ses heures de gaieté.-Elle mobilisait un nombreux personnel, car le coupage à la faux et même à la faucille.! exigeait beaucoup de bras. Aujourd'hui, étant donné le dé peuplement de ces campagnes, on ne les. trouverait plus. Fort heureusement, la ma chine est venue suppléer aux bras défail lants. Mais, avec elle, la moisson a perdu...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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