Extrait du journal

dans une Harangue qui fut transmise par câble, mais ne changea point la" mauvaise idée que les Américains s'étaient formée de nous. Notre diplomatie oratoire aboutit à un désastre. Le directeur effectif de la diplomatie française consacrait ses soins au renflouement de la Banque industrielle de Chine. Le triomphe britannique lui-même fut sans lendemain. A la vérité M. Briand, qui n'est point rancunier, ou qui se sentait la conscience un peu lourde, s'efforça de le consolider en proposant à M. Lloyd George la conclusion d'un prétendu pacte d'alliance. C'eût été pour lui l'occasion de mirobolants discours que les snobs pari siens auraient écoutés bouche bée. Mais l'illusionnisme a des limites. Le bon public français était las d'avaler des couleuvres. Mieux renseigné, il se fâcha. Il renvoya chez eux les négociateurs de Cannes. Par un juste retour des choses d'ici bas, le prestige de M. Lloyd George subit une atteinte grave. Sans doute le malaise politique actuel en Angleterre n'est pas dé terminé directement par le fiasco de Can nes. Mais M. Lloyd George devait une bonne partie de son autorité en Angleterre à ses succès ou apparences de succès à l'extérieur. L'auréole autour de l'idole est évaporée. Le public britannique voit main tenant l'homme tel qu'il est, et fie le trouve plus indispensable. Tel est le résultat de l'agitation diplo matique de ces derniers mois. Malgré tous les troubles qu'ellè a causés, on ne s'en plaindra pas trop s'il est désormais re connu qu'il faut changer de méthodes. De son côté M. Poincaré a fait le nécessaire sans hésiter. A Rome, il semble qu'on soit disposé à revenir à la politique du ,comte Sforza, que ce diplomate voudra vraisem blablement défendre pendant sa mission à Paris. A Londres, M. Balfour, tout en prononçant le chaleureux éloge de M. Lloyd George et en n'ambitionnant point de redevenir premier ministre, paraît au premier plan. D'autres symptômes encore indiquent qu'on est las, dans tous les pays alliés, de la trépidation, de la fièvre et de la politique pour cinéma. Il est permis d'espérer qu'ils vont aller en s'accentuant. AUGUSTE GAUVAIN....