Extrait du journal
Sous n'importe quel régime il y a de la gabegie, comme il y a du coulage dans les maisons les mieux tenues. Mais il y en a tout de même plus sous le Directoire que sous le Consulat, plus sous un ministère Blum que sous des ministres comme Thiers ou Léon Say. Même dans les choses où il serait facile de mettre ou de maintenir un certain ordre, c'est une débauche de pagaille, pour l'amour de l'art, à moins que ce ne soit pour des fins non avouées. Dans l'enseignement, les familles sont systématiquement découra gées. On se rappelle que la rentrée a été reculée de huit jours, pour cause de guerre possible, mais sans que les établissements fus sent positivement fermés. On y pouvait venir : on prévenait seulement les élèves qu?on ne ferait à ceux qui se présenteraient ni cours, ni classes, ni même examens de passage. Bien plus, on ne leur ferait pas connaître l'horaire ni la liste des livres sco laires dont ils auraient à se munir. On tenait à bien montrer que ce serait une semaine perdue, et perdue pour tout le monde, sans recours ni réserve. Et depuis ? Depuis, il y a eu le congé de la Toussaint et demain celui de l'Armis tice. Allons-nous enfin partir du pied gau che ? Voici une lettre d'un père de famille qui n'en donne pas l'impression ; Permettez-moi de vous signaler un nouvel exemple du désordre qui envahit tout, sans épargner les milieux scolaires : nous voici bien tôt à la mi-novembre, et les élèves ne sont pas encore en possession de tous leurs livres de classe ! Qui est responsable de ce retard ? Il ne m'appartient pas de le chercher. Par. contre,, contribuable et père de famille, j'ai le droit de m'étonner que l'un de mes en fants fasse demain, 9 novembre, une composi tion d'histoire naturelle, alors que son livre de sciences est encore chez l'imprimeur... De même, je peux difficilement comprendre que la plus grande maison d'édition n'ait pas encore trouvé le moyen de mettre en vente un manuel d'histoire à l'usage de la cinquième... Que dire ? Que faire ? A la longue, on est écœuré, lassé, et l'on perd chaque jour un peu du goût et de l'envie de réagir. /Remarquez que -personne-n'est coupable ni responsable. Le professeur fait composer ses élèves à la date fixée par le tableau et ce n'est pas sa faute si les manuels scolaires n'ont pas paru. Les éditeurs ne sont pas cause non plus des changements perpétuels de. programmes qui font que les manuels sont à changer, chaque année, au risque de n'être pas prêts pour la rentrée, si retardée qu'elle puisse être. La pagaille vient d'en haut. Elle vient du ministère, ou plus sim plement du ministre, qui, délibérément ou non, détraque à plaisir la machine dont il tient les fameux « leviers de commande ». C'est singulier! direz-vous. Non, ce n'est pas singulier : c'est bien pis, c'est régulier. A. ALBERT-PETIT....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - hitler
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