Extrait du journal
millions par an, ni par le développement légi time des services soit militaires, soit civils. Comparées aux dépenses de l'exercice 1874, que l'on peut considérer comme normal, les quelles montaient à 2,817 millions de francs, les dépenses de l'an 1900 offrent une augmentation de 755 millions. Si l'on veut s'en tenir aux années récentes, l'exercice 1900, avec ses 3 milliards 572 millions de crédits, se trouve en augmentation de plus de 69 millions relativement à l'exercice 1898 qui n'exigeait que 3 milliards 503 millions. Si l'avenir de nos finances consiste en ce que nous dépensions, chaque année, 35 millions de plus que la précédente, il est certain que le peuple français ne pourra, sans faiblir, c'est-à -dire sans diminution de prospérité au moins relative, supporter ce constant accroissement de charges. Il faut remarquer que l'énorme développe ment des dépenses de la France depuis vingt ans s'est effectué malgré les conversions de Dettes et la réduction considérable, dans ces dernières années, des avances consenties aux grandes Compagnies de chemins de fer à titre de garanties d'intérêts. Ainsi, les conversions de Dettes et le développement des recettes sur nos grandes lignes ferrées sont perdus pour le contribuable; du moins, il ne s'en aperçoit pas, puisque la progression des dépenses con tinue quand même. Les seules conversions de la Dette consolidée ont diminué, depuis 1883, de 107 millions environ les charges de nos an ciens emprunts; néanmoins, la progression des dépenses ne s'est pas atténuée. On dira peut-être qu'il en est de même chez d'autres nations, par exemple en Angleterre. Mais cette comparaison ne justifie rien. En pre mier lieu, l'Angleterre a un budget beaucoup moins élevé que le nôtre; l'écart est d'environ 800 millions de francs. Elle a, par conséquent, de la marge pour nous rattraper, si elle doit ja mais le faire, ce qui est douteux. Elle y serait, cependant, d'autant plus autorisée qu'elle compte maintenant 2 millions d'habitants de plus que la France et que, en définitive, elle est sensiblement plus riche, probablement de 15 à 20 0/0. Le fait de l'accroissement des dé penses en Angleterre n'est donc aucunement une justification pour cet accroissement chez nous. 11 importe, au plus haut degré, à notre avenir financier de prendre en considération ce fait capital, qui nous distingue de toutes les autres nations, à savoir que notre population est deve nue complètement stationnaire. Tandis que le nombre des contribuables augmente chaque année aux Etats-Unis, en Angleterre, en Alle magne, en Italie, en Russie, chez nous il reste toujours identique. 11 en résulte que nous ne pouvons nous permettre les mêmes accroisse ments de dépenses que ces différents peuples. Nous sommes par rapport à eux ce qu'un homme qui a fait toute sa croissance est relati vement à d'autres qui n'ont point terminé la leur ; le premier ne voit plus ses forces aug menter, tandis que les seconds sentent s'ac croître les leurs ; il est déraisonnable, par con séquent, à celui-là de vouloir ajouter chaque année à son fardeau, sous prétexte que les au tres le font. On connaît la vieille et commode doctrine de l'incompressibilité des dépenses budgétaires. Pour la rendre plus facilement admissible, on décompose le budget en quatre parties : l'une, qui comprend le service des Dettes et'les dota- i tions ; la seconde, qui renferme les ministères militaires, là guerre et la marine ; la troisième, qui s'applique à diverses industries exercées par l'Etat, notamment les postes, les télégra phes, les manufactures de tabacs et d'allu mettes; la quatrième, qui concerne toutes les autres dépenses. On arrive ainsi à déclarer que les économies ne peuvent s'exercer que sur une minime partie du budget. Il s'en faut que ce raisonnement soit rigou reux. Toutes les grandes sections du budget, sans exception, peuvent comporter, soit, avec le temps, des réductions de dépenses, soit, tout au moins, une vigilance sévère qui empêche celles-ci de s'accroître. Ainsi, dans la grande...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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