Extrait du journal

Londres . 7 août. ( Par continuation. ) On lit dans le Courier: a Les dernier,es nouvelles de France nous autorisent à croire que , maigre une certaine manifestation de l'esprit républicain , l'opinion dominante est en faveur de l'offre de la couronne au duc d'Orléans. Tous les hommes sensés de ce pays pensent que c'est là la conséquence raisonnable de la dernière lutte , et le meilleur gage de sécurité pour la paix et le bonheur de la France. Une monarchie limitée, dans la personne de M. le duc d'Orléans , serait un heureux médium entre une république que quelques individus lèvent encore , et un despo tisme si heureusement anéanti ; et comme le duc d'Orléans possède la confiance publique, il est probable que les républicains eux-mêmes ne répugneraient pas à placer dans ses mains l'autorité sans laquelle aucun monarque ne peut faire respecter son gouvernement. 11 ne faut pas cependant se dissimuler qu'il y a en Fiance un parti opposé à une forme monarchique de gouvernement, quoique limitée; et il est probable que si Charles X n'avait pas cédé à la voix publique par une abdication sans conditions , l'irritation du peuple eût servi de prétexte à des mesures violentes, dont l'exécution , en appartenant aux républicains, eût puissamment augmenté leur influence. >i Le général Lafayette lui-même, dans sa dernière proclamation , a parlé un langage qui touche peut-être de trop près à la république ; mais il a déclaré naguère que, quoique républicain dans toute l'exten sion du terme, il croyait que sa théorie politique ne convenait pas à l'état social actuel de la France, et que si jamais le jour arrivait où il eût à exprimer son opinion sur ce sujet, il voterait pour une monar chie constitutionnelle. Si, comme on l'assure, le général Lafayette a promis son concours à la nomination du duc d'Orléans, il est trop vertueux pour retirer sa parole, dans quelque circonstance que ce soit. Il est donc probable que le duc d'Orléans sera Roi, et sera un bon Roi ; mais si la France, laissant échapper l'occasion qui se présente de fixer son avenir, se divisait en partis , et que la formation d'une république fût la conséquence de ces divisions, puissc-t-elle ne pas faire d'efforts pour troubler les autres nations de l'Europe ! Mais nous n'avons pas cette crainte. Il y a trop de bon sens dans cette nation, pour sacrifier des avantages certains à des théories incertaines. »...