Extrait du journal
Nous avons publié, hier, une lettre de M. Lucien Maurel, vice-président de la Chambre de commerce de Bordeaux. Il y exprime l'avis de cette compagnie sur la situation financière actuelle de nos grands réseaux de chemins de fer. Il se montre, à ce sujet, inquiet des moyens que l'on emploiera pour y remédier. Ces moyens résultent de la convention de 1921 qui a donné à nos grands réseaux un statut fi nancier dont 1e principe est qu'ils doivent se suffire à eux-mêmes ainsi que toute entreprise industrielle. Parmi ces moyens, se trouvent, naturellement, les relèvements des tarifs; et c'est contre .cet accroisse ment des frais de transports qu'il s'élève en montrant leurs fâcheuses conséquences sur notre commerce intérieur et extérieur. Cette lettre tombait à point. Le Con seil des ministres s'est, en effet, occupé, hier, de cette question. Elle n'est pas nou velle. On doit même s'étonner qu'elle n'ait pas plus tôt éveillé l'attention des gouver nements précédents. Dès le milieu de 1929, des symptômes faisaient; prévoir que l'on allait se trouver, dans les années suivan tes, en face de déficits sérieux. Les grands réseaux ne manquèrent pas, à ce mo ment-là, d'exprimer officieusement leurs craintes aux gouvernants d'alors. On n'y prêta' pas une attention suffisante. La po litique a ses raisons que la raison ne con naît pas. Mais, pendant les mois suivants, ; les symptômes premiers s'accusèrent plus probants. Il n'était pas douteux qu'il fal lait étudier la question et décider des me sures à prendre pour éviter de se trouver en présence de déficits grandissants. C'est alors que le gouvernement prit le parti de faire examiner cette question par une personne indépendante de la politique et des administrations de chemins de fer. M. Fournier, soiïs-gouverneur de la Ban que de France, fut chargé de cette étude. Ceci se passait dans le premier semestre de 1930. M. Fournier se mit au travail et put, dans un temps relativement court, remettre son rapport au gouvernement. Il y a plusieurs mois de cela. Il est donc difficile de ne pas être surpris de la négli gence que l'on a mise à s'attaquer à cette question vitale. Le vieux dicton « mieux vaut tard que jamais » est un argument trop commode à employer en affaires, sur tout lorsque les intérêts économiques du pays et ceux de l'Etat sont en jeu. Sans entrer complètement aujourd'hui Sdans l'examen des moyens proposés pour remédier à la situation financière des grands réseaux de chemins de fer, il nous paraît nécessaire d'exposer cette situation. ; Bien que les comptes des grands ré seaux ne soient point encore définitive ment arrêtés à l'heure présente, on peut établir avec une assez grande exactitude le déficit de l'exercice 1930 ; il ne sera pas inférieur à 1.900 millions de francs. Il se compose : i° d'un déficit d'exploi tation qui se monte à 1.300 millions. Il s'agit ici de la différence entre les recettes et les dépenses, celles-ci comprenant les charges financières. Notons que ce chif fre dépasse de 200 millions les prévisions faites par les administrations des réseaux au mois de décembre 1929. 2° A ces mil lions s'ajoutent: 100 millions d'arriéré sur le remboursement en 1929 de l'annuité de 500 millions b verser, chaque année, à l'Etat par les grands réseaux, pour cou vrir les charges des emprunts contractés de 1921 à 1925, afin de faire face au dé ficit du fonds commup. Enfin, cette an nuité de 500 millions, étant due pour 1930, vient augmenter d'un chiffre égal le déficit proprement dit de l'exploitation qui, nous venons de le voir, est de 1.300 millions. Le déficit total s'élève donc à 1.900 mil lions pour l'année 1930. Expliquons, pour ne pas y revenir, d'où provient cette dette annuelle de 500 mil lions due par les grands réseaux à l'Etat. La convention de 1921 entre les grands, réseaux et l'Etat repose sur un excellent principe : celui que ces réseaux doivent vivre comme toute autre entreprise et ar river à établir un équilibre réel, vrai, entre leurs dépenses et leurs recettes. Ils doi vent se suffire à eux-mêmes. Pour facili ter l'application de ce principe, on a créé...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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