Extrait du journal
dans le passage cité le mot de presse n'est pas même prononcé traiter d insolente en 1819 l'Adresse de 18b0 ,et faire remonter àla même époque de 1 819 le règne de Charles X ; voilà un très court abrégé de ce qu'a osé faire, il y a vingt-quatre heures , un journal avoué par M. de Polignac , un journal dépositaire de ses secrets et de sa confiance. Voilà par quels moyens les rédac teurs de cette feuille justifient la faveur et la prédilection de M. le président du conseil. Quel nom donner à cette infâme manoeuvre, et quel jugement en porteront, nous ne dirons pas seulement les royalistes consti tutionnels, mais tous les hommes qui, placés sur une ligne op posée', conservent au milieu des dissentimens politiques ce senti ment d'honneur et de délicatesse qui caractérise les Français ? Oui, dans une question de cette nature , ce ne sont pas nos amis , ce sont nos adversaires que nous acceptons pour juges. Mais peut-être , en nous plaignant des calomnies de L'Universel, c'est nous qui le calomnions ! Citons donc à notre tour. Le rédacteur suppose qu'un de ses confrères avait été chargé par lui de composer un article sur le résultat des dernières élec tions. Il attendait ce travail avec impatience , « lorsqu'un homme « aussi remarquable sous le rapport du talent que sous celui de » sa situation politique, M. le vicomte de CHATEAUBRIAND » (sic, en caractères majuscules) a eu l'extrême obligeance de « nous fournir précisément sur cette matière l'article que nous » allons mettre sous les yeux de nos lecteurs. » Vient ensuite un éloge aussi franc qu'il peut l'être de la part d'un faussaire, du génie et du talent de M. de Chateaubriand, puis enfin l'article que M. de Chateaubriand lui a fourni comme son propre ouvrage. Or, veut-on savoir quel est cet article? Nous le savons nous, car il est extrait du Journal des Débats , du 20 septembre 1819. et nous sommes bien aises d'apprendre à l'écrivain ministériel qu'en l'attribuant à M. de Chateaubriand, il se montre tout autant critique judicieux qu'historien véridique et fidèle. L'auteur de cet article était sans doute un homme d'un rare talent, aussi remarquable par li» Juste étendue de ses connais sances que par la justesse et la profondeur de ses idées politiques. Mais son style, que distinguent surtout la précision et la fermeté, n'avait de commun que ces qualités avec le style bien autrement pur, harmonieux et coloré, de l'auteur du Génie du Christia nisme. On retrouve quelquefois dans ses phrases des traces de germanisme, qu'un séjour de trente ans en France, et une étude spéciale de-notre langue, n'avaient pu entièrement effacer. L'ar ticle lui-même eu fait foi, et quelques plaisanteries désavouées par un goût sévère en ont été retranchées par le faussaire , moins, sans doute, pour un motif littéraire, que parce qu'elles se rat tachent à des noms propres dont la publication aurait trahi l'an cienneté de l'article que l'on donne comme récent. C est cet article que AI. de Chateaubriand a envoyé comme sien à l'Universel; c'est tel article qu'il s'est approprié par sa signature , car, nous le répétons, et il ne faut pas l'oublier, la signature du noble pair s'applique à l'ensemble des citations , toutes données comme sorties de la même plume , toutes formant un tout indi visible, toutes couronnées du nom de M. de Chateaubriand. 11 faut en convenir, L'Universel a dû singulièrement compter sur la naïveté de ses lecteurs , s'il s'est persuadé qu'ils se laisse raient prendre à cette grossière imposture, et qu'ils croiraient sur sa parole que M. de Chateaubriand aurait fait cette galanterie à un journal ministériel. Al. de Chateaubriand n'a pas donné sa démission de l'ambassade de Rome , il n'a point refusé tout rap port politique avec AI. le ministre des affaires étrangères , pour correspondre avec ses gens. Il y a dans le cœur du noble pair une fierté fondée sur les souvenirs de sa vie publique et sur la cons cience de ses services , qui exclut jusqu'à l'idée d'une pareille hu miliation. Vient enfin l'article , altéré, mutilé , falsifié, extrait du Conser vateur de 1819 , tome IV, et dans lequel on retrouve effective ment, mais avec un rajeunissement dïnterpollations , plusieurs phrases qui sont en effet de M. de Chateaubriand. L'objet de ces interpellations est de persuader que ce que le noble pair disait, à cette époque, de la loi d'élections de 1818, il l'a dit pour la pre mière fois, et en faveur de MM. de L'Universel, de la législation électorale , telle que l'ont faite les lois de 1 822 et de 1 828, contre lesquelles M. de Chateaubriand n'a jamais rien écrit. C'est pour cela que, passant .unis transition de l'article de notre ancien collaborateur à celui du Conservateur, l'Universel y parle. comme nous l'avons dit, de lois démocratiques sur la presse, des hommes qui ont voté le bannissement de Charles v, etc. etc., et qu'il termine en écrivant : Voilà la loi des ei , ions ! don nant toujours à entendre que c'est la dernière le aectorale qui à provoqué l'animadversion de AI. de Chatcaubu.and. Nous ne rappellerons pas ici ce que nous avons répété tant de...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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