Extrait du journal

A L'HÔTEL DE VILLE L'ensemble des peintures exécutées par M. Puvis de Chavannes pour « l'escalier du préfet », à l'Hôtel de Ville, est désormais 'en place; toutes les toiles ont été marou , fiées dans les plafonds, voussures et tym pans qui les attendaient, et, bien mieux qu'au Champ de Mars, on peut juger main tenant de la valeur absolue, de la beauté sereine et bienfaisante de cette apothéose. Il serait superflu de revenir sur ce que nous en avons écrit ici même, à propos des der niers salons ; qu'il nous suffise d'en signaler au lecteur l'achèvement définitif... Et s'il profite de l'occasion pour jeter un regard sur tout ce qui est visible à cette heure de la décoration delà « Maison commune », il pourra constater une fois de plus que'la peinture monumentale, rabaissée par tant ■de faiseurs d'images jusqu'à la vulgaire I illustration, quand elle n'est pas délayée en 'prétentieuses et banales allégories d'école, compte de notre temps un vrai maître et un poète... S'il est vrai que l'Art ait une destination sociale, que la Beauté puisse êtré éducatrice et efficace, que la « Cité » se résume et se glorifie dans l'artiste, la grande décoration murale devrait être par excellence l'art des démocraties. Moyen puissant d'expression compréhensive et synthétique, de concilia tion et d'harmonie idéale, elle est faite pour rendre sensibles, aux yeux de la foule, les plus persuasives images et les plus clairs symboles de la foi nationale. Et si notre état présent, moral et social, ne se prête guère à cé beau rêve, soyons du moins reconnais sants à ceux qui, par la magie bienfaisante de leur imagination et de leur art, nous en ont fait concevoir un moment le désir plus pro fond et plus pur. et entrevoir la possibi lité. A. M....