Extrait du journal

» l'ombre pu du soleil sur les tableaux » et sur les faces humaines qu'ils repré » sentent, le soleil et l'ombre sont des » choses aussi réelles que les objets qui » les reçoivent. » Ces réflexions sont parfaitement justes, et pourquoi n'accorderait -on pas aux poètes la liberté que George Sand réclame et dont il a si souvent fait usage ? En somme, de quoi s'agit-il ici? De la grande question du progrès humain, que chacun prétend résoudre à sa manière. Les uns croient fermement au progrès continu quoique très lent de l'humanité, tandis que les autres estiment qu'elle ne fait que tourner dans le même cercle un cercle vicieux s'il, en fut pour revenir sans cesse à son point de départ. Ce n'est paa là un problème dont on puisse four nir la solution par une de ces formules mathématiques qui sont décisives ; aussi disputera-t-on éternellement, tant que le monde durera, sur la question de savoir si ce monde, en vieillissant, devient meil leur ou pire. Rien donc de plus injuste, personne n'ayant qualité pour imposer son opinion, que de s'attacher au fond même de la dispute, lorsqu'il n'y a à ju ger qu'une production littéraire. Si l'idée optimiste de George Sand est fausse, ce que nous sommes loin d'admettre, qu'importe après tout? L'important, c'est que cette idée ait donné naissance à des œuvres admirables qui compteront parmi ses plus beaux titres, de gloire. Quelqu'un trouve-t-il que Daphwis et Ckloè soit de trop dans la littérature grecque, parce que les personnages de ce délicieux roman n'ont jamais existé que dans un monde idéal ? L'aspect seul du monde idéal change...