Extrait du journal

seul, si toutefois c'est originairement un duo I d'amour vocal et non pas simplement instru mental : ainsi présenté, ce morceau devenait une véritable énigme, et ce serait témérité grande que d'émettre un avis sur cette page, en bien ou en mal. Restait le très long poème symphonique de la Vie d'un héros, en six épi sodés distincts, mais non disjoints, qui n'est déjà plus une nouveauté pour nous, mais qu'il n'était pas déplaisant de réentendre. M. Richard Strauss, faut-il le redire encore? est un incomparable vir tuose de l'orchestre. Il joue avec une maestria et une fertilité d'invention rare de tout ce qui constitue la partie extérieure et matérielle de la musique : variété de rythmes, contrastes de sonorités, accouplements de timbres, etc.; mais l'idée, à proprement parler, est le plus sou vent insignifiante ou très banale. Aussi n'est-ce qu'à force d'habileté prestigieuse et non sans quelques écarts ou fantaisies inexplicables pour l'esprit, choquants pour l'oreille, qu'il arrive à forcer, puis à fixer notre attention pendant un morceau, qui, sans arrêt, ne dure.pas moins de quarante minutes. Heureusement que la der nière partie, celle où le héros, autrement dit M. Strauss lui-même, las de la lutte et du bruit, termine son œuvre et sa vie dans la solitude, est de beaucoup la plus saisissante, parce que la pensée s'y élargit et se développe dans une belle page aboutissant à un decrescendo très expressif. Ici, les bravos de l'auditoire, très clairsemé, hélas! qui avait répondu à l'appel de ! MM. Strauss et Chevillard, étaient justifiés, et il y avait plaisir à s'y associer. Aux Concerts du Châtelet, il nous fut offert, certain dimanche, un choix d'oeuvres de musi ciens polonais sous la ferme direction de M. Mlvznarski, chef d'orchestre de la Société phil harmonique et de l'Opéra impérial do Varsovie. Le morceau de résistance était la Symphonie en ré mineur de M. Stojovvski, une symphonie qui valut à son auteur, en 1900, le prix fondé par le pianiste Paderevvski, et qui s'est jouée en suite à Berlin, à Varsovie, à Leipzig, etc. Cette œuvre importante, essentiellement classique, où~se révèle un musicien qui sait très bien son métier, et dont le scherzo est la page la plus saillante, toute vive et scintillante, offre ceci de particulier que l'auteur n'y a laissé nulle place à l'élément national, dont il s'est servi au con traire en plus d'un de ses autres ouvrages. Bref, dans toute cotte, symphonie, solidement écrite et traitée avec un réel savoir, on re connaît moins un compositeur originaire de Pologne qu'un brillantpianiste ayant achevé son...