Extrait du journal

part de D. Miguel ; qui a frémi de son retour , qui s'est associée au deuil du Portugal, quand les derniers soldats anglais sous voile pour l'Angleterre ont pu voir les premiers échafauds de bout sur les places de Lisbonne ; qui a béni le rappel des am bassadeurs et flétri de son blâme toute intrigue ayant pour but de rouvrir à un usurpateur couvert tle sang les rangs des souverains de l'Europe? . Qui a change de l'Augleterre ou L'elle dans cette circonstance ? C'est une question que nous soumettons à tous les Juges impartiaux» En Orient, même examen et même résultat de «os investiga tions. Suivez tous les mouvemens de l'opinion publique depuis l'ori«ine de cette grande querelle jusqu'à la retraite du visir dans les défilés du Balkan. Vous la verrez se soulever avec la Grèce en 1820 contre le joug de ses oppresseurs , s'épuiser en vœux et en efforts pour décider les gouvernement de l'Europe à une prompte et décisive intervention. Trompée dans ses premières espérances , elle assiste, non sans une secrète inquiétude, àces conférences pré liminaires où doivent se jeter les bases d'une émancipation que repousse la moitié des cabinets, et que l'autre subit à peine. Vic torieuse à Navarin , elle s'indigne des larmes versées à Londres sur ce triomphe de la plus légitime des causes. Bientôt elle accueille avec enthousiasme la part glorieuse que la France réclame dans l'accomplissement d'une noble tâche. Elle presse de ses vœux l'embarquement de nos soldats, elle les suit jusqu'aux rives du Péloponèse : elle compte avec orgueil une nation dé plus affran chie par leurs bras. Cependant, une puissance dont on fait depuis dix ans un colosse, une puissance dont le premier geste doit ébranler l'Europe jusque dans ses fondemens, a peu à peu séparé sa cause de celle de ses alliés. Des griefs particuliers constituent pour elle le droit de guerre. Elle le réclame , et l'opinion le sanctionne. Ici, ce n'est même plus cet esprit, de chevalerie si facile à tourner en ridicule , qui trompe l'opinion publique surin justice de la cause russe ; car la Russie se donne bien de garde de donner tout haut à ses soldats, pour but de leur valeur, l'affranchissement d'un peuple. La cam pagne s'ouvre, on regarde , on attend. Avant de précipiter le tor rent hors de son lit, on veut calculer les limites de l'inondation. Six mois d'efforts presque stériles ont rassuré tous les bons esprits, et l'opinion , plus calme sur les mouvemens futurs de la Russie , re vient tout naturellement à son thème favori. Elle n'est entrée dans la question que pour le triomphe de la civilisation et de l'huma nité ; elle veut savoir si la civilisation et l'humanité triompheront. Voilà malheureusement sur quoi peut-être de récentes négocia tions lui ont laissé trop de doutes. Forcée aujourd'hui de trembler pour la Grèce, si les Turcs sont vainqueurs, elle cherche à son alliée des auxiliaires jusque dans les rangs moscovites , et elle lui * en a trouvé depuis la victoire du n juin. Certes dans tout cela il n'y a pas même apparence de versatilité. Jamais marche ne fut au contraire plus conséquente, plus uni forme, plus opiniâtrement dirigée vers un même but. En est-il bien de même de la politique de tous les cabinets de l'Europe? Nous n'osons l'affirmer....