Extrait du journal
JOURNALISTES Aimons-nous un peu plus, et, à l'occa sion, aidons-nous un peu mieux les uns les autres, mes chers confrères : il n'est que temps. Ce que je me permets de vous re commander ici ce n'est point la camara derie fausse et banale ; c'est le secours mu tuel, dans ce qu'il a de plus loyal et de plus généreux. Ecoutez, dans votre intérêt, et ! dans celui de notre honorable corporation, le langage d'un homme obscur mais franc, qui n'a pas l'habitude de mentir. ' On a été dur et méchant pour les jour nalistes en ces derniers jours. La police en a chargé quelques-uns avec une vigueur qui aurait pu être mieux employée. Les bons bourgeois les ont malmenés en pa roles. Ils se sont desservis et quelquefois déchirés entre eux avec le plus parfait ou bli de cette fraternité professionnelle qui se nomme l'esprit de corps. Il faudrait s'entendre/ cependant. S'il y a, malheu reusement, dans notre profession, comme, du reste, dans toutes les autres, de mal honnêtes gens, venus d'on ne sait où, et qui la traversent en la déshonorant, plutôt qu'ils ne lui appartiennent, il y a aussi, et c'est la grande majorité, beaucoup d'honnêtes garçons qui sont la franchise et la probité mêmes. Ils ont dévoué leur plume à une cause; ils ne l'ont vendue à aucun parti; ils ne l'ont employée à au cune besogne louche et basse, dans une espérance de gain honteux. Ils ne sèment pas le désordre pour récolter le profit; ils ne sont les instruments ni les complices de personne. Un gros événement, une émeute | par exemple, se produit : ils courertt aux ' informations, mais ils ne vont pas à la curée. La police a eu le tort, il est vrai qu'on ne peut guère lui demander beaucoup de sang-froid et de discernement pendant un orage, la police, dis-je, a eu le tort de ne pas comprendre assez nettement que, lorsqu'il y a des troubles dans la rue, les ! journalistes sont les témoins, et non les acteurs, de la scène, tragédie ou comédie, qui se passe sous leurs yeux, et qu'ils no tent, au courant des choses, pour donner le spectacle ou pour tirer la philosophie des événements. Il n'y a pas de mouchards parmi nous, ou, s'il y en à, ils sont bien vite connus et disqualifiés. Nous sommes encore, grâce à Dieu, un pays d'honneur où les fautes contre l'honneur ne se par donnent pas. Il n'y a pas davantage parmi les journalistes qui se respectent, et qu'on doit respecter, d'agents provocateurs, de ces émeutiers anonymes, les plus lâches de tous, qui poussent leurs voisins aux excès et vont ensuite demander à je ne sais qui le salaire de cette fourberie, leurs trente deniers. Qu'un journaliste soit en veloppé dans une bagarre, rien de plus naturel : il faut bien qu'il la regarde, puis qu'il doit la raconter. Mais, quand il ex cipe de sa qualité, la police, de l'officier de paix au simple agent, devrait avoir les yeux plus ouverts et la main plus douce. Il fait son métier, lui aussi ; son récit, qui sera une sorte de déposition, n'est-il pas...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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