Extrait du journal

Lès débats socialistes sont plus remarqua? Bles par leur violence que par leur clarté. Il y a les discours apprêtés des prophètes et des pontifes du parti. Il y a les querelles bru tales des dissidents. Il y a l'examen de conscience révolutionnaire où sont pesées sans indulgence les bonnes œuvres des par lementaires. Tout cela occupe l'estrade et divertit les militants. Mais ce qui compte, c'est le malaise qu'éprouvent les chefs socia listes en réfléchissant sur l'alliance commu niste et en constatant les résultats du Front commun. L'unité révolutionnaire n'a jamais été re cherchée avec beaucoup d'enthousiasme par le parti S. F. I. O. A aucun moment, il n'y a eu d'embrassade lyrique. Les socialistes considéraient avec méfiance les manœuvres de la IIIe Internationale pour recruter et dé baucher leurs troupes, pour les déposséder de l'action qu'ils prétendaient exercer sur les Us ont tout mis en œuvre pour échapper à la réconciliation. Et ils n'ont signé le protocole d'amitié qu'à leur corps défendant et avec l'espérance que ce pacte ne durerait pas. Le pacte a duré, mais les socialistes en ont fait les frais. Les élections municipales ont favorisé les plus violents et les plus décidés-. Elles ont consacré la défaite dés opportunis tes. Elles ont confirmé que les suffrages, les sièges et les cotisations allaient à l'ascétisme doctrinal. Dans le Front unique, les socialis tes ont joué le rôle de dupes, qu'ils avaient fait jouer dans le Cartel avec tant de cynisme aux radicaux. On comprend qu'aujourd'hui ils paraissent préoccupés et 'hésitants. Il leur déplaît de servir d'entraîneurs bénévoles au bolchevisme....