Extrait du journal
Nous sommes au 12 mars, et le budget de l'au prochain n'est pas encore soumis à la Chambre. Ce serait déjà un retard dans une année ordinaire ; le budget de 1885 a été déposé le 28 février 1884, et on sait où il en est. Dans une année comme celle-ci, dans une année d'élections générales, l'a journement de la présentation de la loi de finances est doublement fâcheux. Cette fois il ne s'agit pas d'être prêt pour le 31 décembre ; il s'agit d'aboutir avant le 31 juillet ou le 10 août, avant la session des Conseils généraux et l'ouverture de la période électorale. Il semble donc que l'on n'ait pas un jour à perdre pour se mettre à l'œuvre, et cependant l'on ne se presse guère. Nous savons comment on explique ces lenteurs. La discussion du budget de 1885 n'est' pas terminée : il ne figure pas en core au Bulletin des Lois ; peut-on abor der l'examen de son successeur avant d'en avoir fini avec lui ? Yoilà l'objection; mais elle est de pure forme. Ce qui reste à débattre pour achever le bud get de l'année courante, ce sont de simples détails. Rien n'empêche le gou vernement d'arrêter, dès à présent, les chiffres de son budget pour l'an prochain. Il les a déjà arrêtés, certainement. Son projet est tout prêt, enfermé dans le portefeuille de M. le ministre des fi nances. Pourquoi ne l'en pas faire sortir? S'il y a plus tard quelques rectifications de crédits à opérer, rien ne sera plus aisé que d'y pourvoir. Mais au moins la Chambre sera saisie ; elle pourra exa miner le budget, y réfléchir, nommer sa commission, prendre ses mesures pour que la discussion s'engage dans le cours de l'été. Il est regrettable que nous ne soyons pas en règle pour le budget de 1885 ; est-ce un motif pour que cette irrégularité, à son tour, frappe par ricochet le budget de 1886, comme un train de chemin de fer en détresse retarde tous les trains qui le suivent sur la même voie? Nous sommes aujourd'hui sous le régime des douzièmes provisoires ; raison de plus pour nous y soustraire l'an prochain, et nous y marcherions tout droit si la Chambre actuelle ne s'arran geait pas de façon à voter le budget avant de disparaître. Il est vrai que cela ne dépend pas ab solument d'elle, et qu'il appartient au gou vernement de prendre l'initiative. Aussi est-ce au gouvernement que nous fai sons appel. On lui attribue les plus perfides intentions. On l'accuse de n'a voir pas absolument renoncé, dans le fond de son âme, au projet d'avancer la la date des élections générales. On pré tend qu'il retarde le dépôt du budget pour mettre la Chambre dans l'impossibi lité manifeste de voter la loi de finances, et dans la nécessité de s'en aller plus vite qu'elle n'aurait voulu. Il a promis de ne la pas renvoyer malgré elle, et il restera fidèle à son engagement ; mais il ne répond pas de la force majeure, et qui sait d'ailleurs si la majorité de la Chambre, voyant le mois de mai venu et le budget peu avancé, placée en face de l'éventua-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - lefebvre
- mingasson
- laisant
- corneau
- escanyé
- rouvier
- jouve
- delattre
- ducroz
- durieu
- annam
- chine
- londres
- russie
- france
- tonkin
- hérat
- angleterre
- marne
- brésil
- sénat
- parlement
- office de publicité
- sim
- union postale
- lacroix
- thomson
- foreign office
- la république