Extrait du journal

La fête de Jeanne d'Arc a été célébrée hier, à Notre-Dame, avec la pompe habi tuelle. Le panégyrique de la sainte a été pro noncé par un orateur de talent, qui a eu de fort beaux accents pour parler du procès de Rouen et flétrir les juges ecclésiastiques, véritables bourreaux, qui ont fait mettre à mort'une ennemie prisonnière. L'auditoire a été très surpris d'entendre cette oraison funèbre se terminer par des lieux communs éloquents sur la suppression des guerres et les bienfaits de la paix. Nous désirons tous la paix. -Ceux qui ont fait Ja guerre la souhaitent plus ardemment que les autres. Mais nous la voulons pan les moyens qui peuvent l'assurer. Avant 1914, la théorie pacifiste était propagée en Europe par les socialistes. On sait ce qu'elle a donné. Nous tremblons en la voyant aujourd'hui dans la bouche de quelques catholiques. Le prédicateur de Notre-Dame ne peut pas igno rer que la thèse qu'il a soutenue vise au désarmement matériel et moral de la France. 11 doit savoir que les catholiques allemands, en demandant la paix européenne, ne cachent pas qu'ils veulent auparavant la révision des traités, c'est-à-dire la suppression de la vic toire française et la suprématie allemande sur l'Europe. ' On a déjà fait si souvent le panégyrique de Jeanne d'Arc qu'il est peut-être difficile de trouver du nouveau sur la vie de notre ' Sainte nationale. Ce qui est certain et ce qui est acquis dans l'esprit du Français moyen, c'est qu'elle a débloqué Orléans, re poussé l'étranger et sauvé la France. Jeanne d'Arc a fait une guerre défensive. Elle n'au rait assurément pas conduit son armée dans une guerre offensive. Elle voulait seulement « bouter » l'étranger hors de France. A charge de réciprocité de la part de nos voi sins, nous sommes tous pacifistes à la façon. de Jeanne d'Arc. GÉNÉRAI, DE COGNAC. . ,...