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Journal des débats politiques et littéraires, 12 octobre 1845

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Journal des débats politiques et littéraires
12 octobre 1845


Extrait du journal

eussent pu êire construits en France! que de havres de commerce eussent pu y être creusés et fortifiés avec la moitié de l'argent dépensé par cette triste en treprise de Charles X. Il serait heureux que l'occasion de regret s'arrêtât aux pertes déjà subies et que la France pût dire :En voilà assez, la source est tarie. Alger et Maroc ne coûteront pas un sou de plus que ce qu'ils ont déjà coûté. Mais il n'en est pas ainsi : la guerre déjà si fatigante, si périlleuse et si coûteuse à raison de la vaste étendue de territoire sur lequel elle se fait nécessairement, va prendre trois fois plus de développemens encore et être faite sur un territoire où la population est trois ou quatre fois plus forte. » La nouvelle guerre contre le Maroc parait être parfaitement juste, et c'est en vérité une affaire de toute rigueur. C'est un ennemi qui, à bon escient, donne l'hospitalité à l'ennemi de la France, et les Arabes qui attaquent le campement français (ce se rait une plaisanterie d'appeler cela une colonie), les Arabes paraissent avoir usé librement du territoire marocain. Il est évident qu'il est aussi juste que né cessaire de poursuivre les agresseurs jusque dans leur lieu de retraite et leur rendez-vous. La France n'a vait pas d'autre parti à prendre, les Marocains lui font la guerre en protégeant et secourant Abd-elKader, mais il est beaucoup plus facile de prouver la justice et même la nécessité de la guerre nouvelle que d'en faire espérer une bonne issue. Il nous sem ble que la guerre française en Afrique sera intermi nable jusqu'à ce qu'elle se change en une guerre plus générale, et cette guerre sera alors décidée en faveur de l'invasion ou des tribus indigènes, selon que la fortune de la France sera en hausse ou en baisse. » Le Journal des Débats fait remarquer, avec raison, que les guerres des peuples civilisés n'offrent pas d'analogie avec une guerre contre des barbares, sous le rapport de l'issue probable, parce que dans les pays civilisés la soumission du siège du gouverne ment entraîne la soumission du reste de l'Etat; parmi des barbares , au contraire, comme il n'y a pas de siège de gouvernement, peut-être même pas de gou vernement déterminé, aucun triomphe, quelque im portant qu'il soit, ne saurait être définitif. La terreur et l'extermination sont les moyens et les fins par les quels les barbares font la guerre; aussi la font-ils avec une cruauté sans bornes, cruauté qui force leurs adversaires à user , malgré leur répugnance , de cruelles représailles. Triste école militaire ! Il est dou loureux de réfléchir que près de 100,000 hommes des plus braves troupes de l'Europe sont maintenant en gagés dans une telle guerre ! Cette force do 100,000 hommes est presque numériquement égale à toutes les forces de l'Angleterre. Les forces, en Algérie, sont de 80,000 hommes; on ajoute 12,000 hommes de ren fort. Ce renfort permettra-t-il aux 80,000 hommes,qui suffisent à peine pour garder l'Algérie, de conquérir le Maroc avec ses 6 et peut-être ses 10 millions dépo pulations? Sombre perspective assurément! Et, nous le répétons, le nuage s'étend au delà de la France. La France ne peut pas souffrir sans que l'Europe souffre avec elle ! » • I....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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