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Journal des débats politiques et littéraires, 13 août 1895

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Journal des débats politiques et littéraires
13 août 1895


Extrait du journal

prise par cette interrogation prosaïquement articulée, Dona Sol regarda Hernani et le vit debout, superbement campé, tenant la main droite au-dessus de la tête. L'artiste, envahi par la beauté du drame, n'avait plus bougé depuis un moment ; puis, soudaine ment revenu à lui, il s'était demandé avec angoisse s'il y avait longtemps qu'il était ainsi changé en statue. Et quand Mm° Sarah Bernhardtlui fit discrètement signe de bais ser le bras, il eut un geste tellement noble, tellement grand, qu'un murmure d'admira tion courut dans la salle. Personne n'a vait soupçonné la petite conversation tenue en aparté par les deux artistes. On le voit, les acteurs « qui jouent d'âme » peuvent très bien, au plus fort du drame, perdre leur nature raisonnable, se croire transportés dans le milieu idéal qu'ils évoquent, pleurer pour de bon et vibrer profondément au choc des grandes dou leurs qu'ils représentent. Frédérick-Le maître, entrant en scène dans Paillasse, alors qu'il apprenait la trahison de sa femme, pleurait chaque soir de véritables larmes. Ce qui ne l'empêchait pas de retrouver presque immédiatement son sang-froid, tout comme M. Mounet-Sully, après ces moments d'intense émotion. Mais il avait réellement éprouvé pendant quelques mi nutes, il avait vécu la scène ; sa tête avait touché aux nues, et c'était précisément à cet instant précis qu'il se transfigurait aux yeux du public et que le frisson du sublime se couait la salle. En somme il- eût été intéressant de con venir aujourd'hui de la vérité des principes de Garrick et de réfuter le paradoxe du versatile Diderot. La tâche était relative ment aisée et il est vraiment affligeant de devoir constater que les comédiens ne se sont pas empressés de venger leur art, une fois pour toutes, du reproche, qu'on lui a si souvent adressé, d'être artificiel et dépourvu de sincérité. H. FIERENS-GEVAERT....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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